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Alessandro Bonacchi

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Alessandro BONACCHI, Les miracles de l’Enfant Jésus ©

www.filologiaromanza.it Pistoia30/06/2023.

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Pistoia30/06/2023

Les miracles de l’Enfant Jésus

Biblioteca Medicea Laurenziana 103 (L 103), 02v 01-31v 08.

 À mon père qui me contait le récit 

 « Jésus et le forgeron » 

et qui m’appelait 

 « le maître supérieur à tous les autres maîtres » 

pour mon orgueil. 

La datation

Le manuscrit L 103 a été volé à Tour par Guglielmo Libri (1803-1869 ; DE RICCI 1930 : 131-135) ; précédemment il avait appartenu au connétable Lesdiguières et à l’abbé de Marmoutier (Tours) ; il a été acheté par le comte sir Bertram IV Ashburnham (1797-1878), qui le garda jusqu’à sa mort en 1878 ; ensuite par intervention de l’état Italien en 1884 (RELAZIONE 1884) il a été replacé parmi les manuscrits de la Biblioteca Medicea Laurenziana. Il se compose de 20 feuilles avec un dessin (1v). 

Sur la première carte (1r) du manuscrit on va dédier l’oeuvre à Jésus et à Marie (1r 1-3) et on fait l’offrande à Dieu de XX pastison (1r 12) probablement par Phelip Malon (1r 13), dont on a la signature en bas de page. 

Au sujet de la datation de L 103, on ne peut rien déduire par les lignes hors-texte de 39v en haut à gauche je suis de mon maitre servut ; parallèlement en haut à droite on trouve je suis de m[on] misser ; au pied du texte de la même feuille 39v il y a un gribouillage très difficile à déchiffrer : on pourrait lire cinq[ue] cin[… ] | Phelip scripsit mais les éclaboussures de l’encre ne permettent pas de lire correctement ; cependant cette signature de main différente ne donne point de renseignements supplémentaires. 

Au sujet de la date Anno domini millesimo (1r 10 ; « l’an du seigneur mille ») on ne peut rien argumenter, car en ce cas on ne peut pas penser à l’an Mil et il faut considérer le manque du siècle et de l’année. Or le chiffres que l’on trouve en [M]°III22 (1r 01 ; CAPPELLI 2004 : 424) sont à entendre « III cent 22 » , même si le numéro 2 rassemble le 7 par la graphie médiévale ; avec millesimo de 1r 10 on aboutirait du même à « 1322 » , qui s’accorderait bien avec le contenu du manuscrit. Cependant à la ligne 31v 13 on trouve A : M/ iii : C : II/ ii.  La question a été posée par CARAVAGGI 1963 : 41 (avec les remarques et la relative bibliographie), qui conteste à Paoli la lecture « M iii C ii ». En effet les « i » manqueraient du signe qui est présent sur les « i » presque partout dans le manuscrit; par conséquent on ne pourrait pas entendre « iii » au lieu de « m » ou « ii » au lieu de « n ». Cependant au sujet du « E » , il faut bien remarquer qu’il s’agit d’un « C » majuscule, faute du trait horizontal du présumé  « e ». ZINGARELLI 1901: 304-305 fait un long discours à ce sujet sans en tirer de conclusion. Encore on peut se demander comment le rédacteur aurait écrit Amen avantde la jaculatoire Finito Libro si laus et gloria Χρο (31v 13). Cette hypothèse est confirmée aussi par le fait que la source du « Roman de Saint Trophème » de L 103 est différente de celle du manuscrit de Paris 13514 et de celle du manuscrit de Naples J. G. 39 et est sûrement plus ancienne (ZINGARELLI 1901 : 304-307). L’explication la plus simple, étant donné qu’entre les lettres on trouve les deux points, ce serait de considérer cet acronyme l’abrégé de « A(d) m(agnum) C(hristi) n(omen)», à savoir « au grand nom du Christ » ; cependant les numéros de la ligne 1r 01 correspondent bien à la lecture de Paoli chez Caravaggi 1963 : 41, et proposent donc la date officielle du manuscrit en 1322.

Le dessin de 1v présente une tour féodale ; sur une grande marche il y a l’entrée avec l’arc surbaissé ou segmentaire ; en haut on voit des merlons avec leur meurtrière ; on entrevoit un canon et le boulet tiré ; à la droite on trouve un arbalétrier avec son bonnet ; il garde sa petite arbalète liée au poignet gauche ; sa main droite va montrer le projectile terrible à l’époque. Par le deuxième concile du Latran (4-11 avril 1139) le pape Innocent II (1130-1143) condamna l’emploi de l’arbalète dans les guerres de chrétiens contre les chrétiens (canon 29) ; ce signifierait que le défenseur combattrait de la tour de 1v contre des ennemis qui seraient des hérétiques ou des sarrasins. Dans ce dessin la tour présente de petits arcs romans qui soutiennent le mâchicoulis, ce qui ferait remonter la datation du manuscrit avant 1350, c’est-à-dire avant l’apparition de l’arc gothique. Or, on trouve des similarités évidentes de la tour de 1v avec la la tour nord du château de Suze-la-Rousse, dont GUILLAUME 1995 : 289 propose la datation écrite de l’an 1235. Il fait remonter aussi le château à l’un des Raymond de Beaux, dont il a trouvé chez Barthélémy 1882 (GUILLAUME 1995 : 289) un sceau en plomb qui représente le château avec la mention « S. R. Baucio domini Suze » ; 1v présente, donc, une tour avec des arcs romans et des mâchicoulis identiques à ceux de la tour de la façade nord du château de Suze-la-Rousse, avec la porte d’entrée ou de défense en cas de fuite. Il est fondamental de remarquer, en outre, que le personnage, presque autant grand que la tour, est dessiné selon les règles de la peinture précédente à la première moitié du XIVe siècle, où le personnage, le sujet le plus important, n’a point de proportions avec l’arrière-plan ou avec les autres personnages ou avec les objets qui l’entourent, comme il ne se passe plus dans les peintures au XVe siècle. En outre le personnage du dessin de 1v est fortement symbolique, même si l’on ne connaît point la raison de sa présence au commencement du manuscrit ; il faut aussi remarquer que son casque est identique à celui que l’on trouve sur la tête des arbalétriers génois dans les « Chroniques » de Froissart » (FR 2643, fol. 165v de la Bibliothèque Nationale) dans une enluminure qui représente la bataille de Crécy (1346) pendant la guerre des Cent ans. 

Si l’on veut dater le manuscrit par le terme pastison, on trouve qu’il est employé au lieu de « bastison » ou « château tournois » du champ de la monnaie de l’époque ; ce bastion ou « bastison » paraît sur les monnaies d’Alphonse de Poitier 1220-1271 et de Jean Le Bon (1350-1364), ce qui ne nous rien dit à propos de la date réelle de la monnaie ; on appelait « castello (château) » le bastion des monnaies génoises, paraissant presque depuis l’an 1000 (CANALE 1851 : 44) ; il s’agit d’un château à trois tours qui est resté identique, par le diplôme d’Henri VI (1165-1197 ; CANALE 1851 : 115), sur toutes les monnaies de Gênes depuis 1194 jusqu’au XVI siècle ; cependant cette monnaye circulait à Narbonne depuis 1182. La présence des génois au Midi explique assez bien la signature Phelip Malon (1r 13), si l’on le considère le descendant de la famille Malone ou Mallone de Gênes, même s’il est vrai qu’en italien la graphie «-ph- » est difficile à trouver, tandis qu’il faudrait mieux penser à l’influence espagnole ou catalane de la rédaction ; cependant Giacopo (Jacques) Mallone est un ambassadeur qui doit traiter la paix de 1212 entre les génois et les pisans ; Henri Mallone est cité parmi les quinze recteurs de Gênes en 1262 ; en 1263 Peschetto Mallone et Pierino Grimaldi auraient dû aller au secours de Michel le Paléologue (1224-1282, roi en 1261), mais en 1263 ils en sont empêchés par le pape Grégoire IX (1227-1241) qui était d’accord avec les vénitiens contre les génois pour la domination de la Palestine (CANALE 1858 : 453). Malon (1r 13) ne serait, donc, qu’un poète d’une famille génoise qui s’était établie au Midi pour des raisons commerciales ou militaires. « Bonus senior Malone » (1137 ; Canale 1858 : 453) semble le plus fameux, mais il y en a beaucoup d’autres qui sont mentionnés dans l’histoire de Gênes (CANALE 1858 : 453 ; FILANGIERI 2010 : 97 ; 107 n.450 ; 119 ; 184 ; 205 n. 856) ; il est impossible donc de trouver le parent de Phelip Malon du manuscrit. La supposition que l’on pourrait tirer ce serait de dire que l’auteur pouvait être d’ancienne origine italienne ; on peut observer des influences italiennes dans les mots pals (25v 9) et canna (24v 17) que l’on employait au Midi de la France en substitution de la « toise » et de la « brasse ». Les pastisons ne seraient donc que de monnaies avec le bastion ou le château génois ; tout ce raisonnement semble plus ingénieux que solide, même si l’arbalétrier de 1v a toute l’aire d’être génois : on rappelle encore qu’à la bataille de Damiette (1249) saint Louis IX a été libéré par des arbalétriers génois qui combattaient avec lui contre les sarrasins. 

On ne peut rien traire de la devinette que l’on trouve au lignes 1r 6-7 Quid plus aut monta quid ne doyt plus bas decent quid (« Qu’est-ce qui plus en haut qu’il monte — qu’est-ce qu’il ne doit (pas) ? — autant plus il descend en bas ? Quoi ? ». ) La solution c’est la « flamme sur la bougie » , qui ne doit pas s’éteindre, et descend toujours davantage vers le bas. La solution est sous-entendue à la ligne 1r 8 : iii mee a le lua aci : « trois (bougies des) miennes (la flamme) les a (fait) luire ici ; » Le calembour decent « décent / de cent » et aut («aut» latin, « ou ») / «haut» induisent en erreur et deviennent la clé de la devinette. Mee (« <MĔAE ») est naturellement du latin, tandis que les autres mots sont de l’occitan ; le manque du « s » du pluriel à la même manière que lo (= « los » 11r 14) ; lua dériverait du verbe « luire » (FEW s. v. LŪCĒRE), mais probablement la conjugaison du verbe a été considérée par le rédacteur comme l’un des verbes français en « er » (« parler »), et on en a fait le passé simple lua (« <lucer < LŪCĒRE »). 

Les manuscrits de l’enfance de Jésus

Il y a de différents manuscrits de l’enfance de Jésus, qui sont inspirés aux évangiles apocryphes, dont toute mention est évidente : il suffit l’exemple de Jésus qui crée douze oiseaux de la boue de la rivière (Th 2, 1) ; les récits de L 103 rappellent aussi la vie de toujours des enfants du village et remontent à la tradition populaire ; on trouve des ressemblances avec d’autres manuscrits, mais il faut bien penser que la tradition orale, qui trouvait son endroit chez les écrivains de contes religieux, ne pouvait pas s’éloigner de l’imagination que l’on pouvait avoir devant les fresques médiévales ; c’est ainsi que L 103 veut présenter les scènes de l’enfance de Jésus (02v 01-31v 08) comme des exemples d’art parlé. 

Les verbes demandant (25r 11) ; demandar (3r 8.4v 11.13r 18.18v 6.24r 17.25r 7) ; demandat (26v 19) ; demande (9v 2) ; demandes (8r 11) ; demandet (7r 1.15r 7.20v 16.27r 11.30r 8.31r 7) présentent l’image d’une fresque sans perspective où l’Enfant Jésus et les interlocuteurs ont la même grandeur ; ce ne sont que d’images médiévales sur lesquelles les miracles ont été bâtis. Il vaut du même pour aquel es l’enfant Jhesus (19r 5 ; « celui c’est l’enfant Jésus ») : les juifs regardent l’Enfant Jésus assis sur le mur de la même taille que les adultes selon les règles de la peinture médiévale. L’image du tion (31r 14 ; « le tison allumé ») aussi rappelle la méthode de peindre les fresque de l’époque : on fait des images en séquence où l’élément le plus important prend des dimensions plus grandes sans respect des proportions ou de la perspective. L’image de la fresque médiévale met en évidence le tion qui est aussi grand que l’Enfant et le tenchurier. Une autrefresque présente le retour de l’Enfant à l’ostel et la troisième le miracle que l’Enfant fait pour rendre la couleur juste aux étoffes.

Il est évident que l’enseignement religieux (exemplum) est important, mais l’auteur insiste sur la merveille que les miracles de l’Enfant Jésus peuvent susciter. La fresque médiévale est évidemment didactique, mais il est aussi important d’en faire une oeuvre d’art qui peut être comprise par les contemporains et continuer dans les années, ce que l’auteur a voulu. Le manuscrit parisien 1745 et les autres, quelle que ce soit leur source, ne sont que d’oeuvres didactique ; L 103 insiste sur la divinité de l’Enfant Jésus : les légendes que l’on en a écrites sont évidemment fantaisistes ; elles remontent aux évangiles apocryphes. L 103 insiste sur l’humanité de Jésus, qui est Dieu, mais qui est aussi un homme parmi les hommes. Au sujet de la théologie, donc, il faut considérer que l’action miraculeuse de l’Enfant Jésus n’a que peu de la vraie foi religieuse, puisqu’on fait de l’Enfant presque un demi-héros ; cependant on a calqué sur son humanité contre le catharisme de la Provence ou du Midi en général : à la fin des miracles de 10v 13 ; 21r 07 ; 25v 14 ; 31v 08-09 on insiste sur la divinité de Jésus comme Dieu et homme ensemble, tandis que les cathares presque docétistes, niaient l’incarnation de Jésus, et on pourrait les considérer les juifs du texte : non cresian qu’el fos Dieu (22v 13 ; « ils ne croyaient pas qu’il était Dieu ») ; sehor tu yes veray Dieu (30r 19 ; « Seigneur, tu es vraiment Dieu ») où veray (« vrai ») signifie « encharné » , parce que Dieu ne peut être faux. 

Naturellement le peuple écoutait volontiers ces récits, les échangeant avec ses modifications théologiques par sa piété sans approfondissement. 

Au sujet des sources, CARAVAGGI 1963 : 4-44 propose la dérivation indirecte de L 103 du manuscrit de Paris B. N. nouv. acquis. fr. 10453, ou de B. N. nouv. acquis. fr. 1745, mais suivant Rossi (CARAVAGGI 1963 : 41) il penche  pour des rédactions indépendantes, qui auraient donné origine aux récits de l’enfance de Jésus de L 103 ; cependant l’auteur en a fait son oeuvre personnelle. À ce propos il faut bien tenir compte du public qui écoutait des récits de la vie de Jésus, qui devaient émerveiller plus que d’instruire sur la doctrine chrétienne. Il est à envisager, donc que les ménestrels qui chantaient les « gestes » de l’enfant Jésus devaient respecter le goût du petit peuple, incline à écouter des anecdotes très proches de la vie de toujours ou des récits qui suscitent de la curiosité et et de la merveille outre à l’engagement religieux. 

Outre la divinité de l’Enfant Jésus, c’est notamment le travail des enfants qui caractérise L 103, qui est très proche à la vie des gosses de l’époque du manuscrit. Il ne faut pas considérer donc l’Enfant Jésus en tant que le héros du moment ou le personnage mythique ou le petit Buddha (CARAVAGGI 1963 : 20) ; il n’est donc qu’un garçon qui devrait être sage avec ses amis, mais qui, au contraire, a besoin de démontrer toute son humanité d’enfant qui aime à s’amuser et à faire canular, ce qui est le comportement de tous les gosses. 

Les miracles de l’Enfant Jésus (02v 01-31v 08) : 

Abrégés : L = Biblioteca Medicea Laurenziana 103 (L 103),02v 01-31v 08

Abrégés : Apocriphes de : Lc = Luc ; ; Jn= Jean ; Ar. = Arabe ; Ps. Mt. = Pseudo-Matthieu T h. A = Thomas, recension A ; T h. B = Thomas, recension B.

La liste détaillée est la suivante : 

02r 01 – 02v 01-16 : introduction et présentation des miracles de l’Enfant Jésus ; 

1. 02v 01 – 10r 15 : Premier miracle : chez le maître Azarian ; 

a) 02v 01 : L’Enfant Jésus va à l’école (Th. A 6-7 : son précepteur c’est Zachée ; Th. A 14-15 ; Th. B 6-7 ; Lc. 6 ; Lc 12-13 ; Jn 13-22 ; Ar. 48-49 ; Ps. Mt. 38-39) ; 

b) 02v 01-18- 03r 15 : avec la paraphrase de Luc 2, 45-47 Jésus va interroger ses maîtres et parler avec eux ; 

c) 03r 16 – 04r 03 : des parents de Notre Dame veulent que l’Enfant Jésus apprenne la littérature et la doctrine chez le maître Azarian

d) 04r 04-04v 07 : Josef et Marie portent l’Enfant Jésus chez Azarian, avec la promesse qu’il ne le battra pas pour le punir (04v 04-05) ; 

e) 04v 08 : l’Enfant Jésus est à l’école chez Azarian, qui lui flanque une taloche (04v 16) ; Azarian tombe mort (05r 01-02) ; 

f) 05r 03-07 : on va s’écrier par la ville ; Josef va voir ce qui s’est passé (05r 16) ; 

g) 05v 05- 06r 06 : les parents d’Azarian sont très fâchés ; ils s’accordent sur ce que l’on peut faire ; 

h) 06r 07 – 06v 12 ; les parents d’Azarian vont chez le senescal, (le « sénéchal » , le maire du village) ; il demande qu’ils portent Azarian mort devant lui (06 12) ; 

i) 06v 17 : on lui amène Azarian mort ; 

j) 07r 02- 07v 06 : le senescal fait le procès à l’Enfant Jésus, mais il ne peut pas lui donner de punitions ; les parents d’Azarian vont l’ensevelir ; 

k) 07v 16-08v 16 : un autre maître se propose comme enseignant de l’Enfant Jésus, mais Josef dit qu’il doit demander la permission à la mère Marie ; 

l) 8v 16-17 : le nouveau maître ne doit pas toucher à l’Enfant ; 

m) 09r 03-09v 15 : L’enfant Jésus est à l’école chez le bon maître, qui croit que Jésus pourra ressusciter Azarian ; 

n) 10r 02- 14 : Jésus ressuscite Azarian, qui le reconnaît comme Dieu, et Jésus lui donne son pardon (10v 14) ; 

2. 10v 18 : deuxième miracle : sur le soleil ; 

a) 10v 18 : l’Enfant Jésus va s’amuser avec des compagnons ; ils entrent dans un édifice (12r 01-02) ; 

b) 11r 04-08 : il va pisser sur le soleil et s’y assoit ; 

c) 11r 09-17 : ses compagnons veulent faire la même chose, mais ils tombent et se font beaucoup de mal (11r 09-17) ; 

d) 11r 09 18 : les parents des enfants morts arrivent ; ils accusent l’Enfant Jésus (11r 12) et vont chez Josef (12v 11) qui questionne Jésus (12v 11-12) ; 

e) 13r 01-06 : Jésus guérit les enfants qui étaient tombés du soleil ; 

3. 13r 07 : Troisième miracle : à la teuliera ou « tuilerie » / « poterie » ; 

a) 13r 012 : l’Enfant Jésus trouve une poterie près de la rivière ; il veut aider les ouvriers (13r 17) ; le potier lui dit qu’il ne peut pas le faire travailler, car l’Enfant Jésus est de bonne famille (13v 01-08) ; 

b) 13v 13 : L’Enfant Jésus reste là et travaille toute la journée sans rien manger et sans rien recevoir (13v 14) ; on ne l’invite point quand on mange (13v 15) ; 

c) 13v 18-14r 5 tous s’émerveillent, parce que l’Enfant avait fait, pendant une seule journée, ce que le travail de cinq jours demandait (14r 03) ; 

d) 14r 06 : l’Enfant Jésus s’en est allé et ses compagnons vont le chercher, parce qu’ils regrettent de ne lui avoir rien donné à manger (14r 09-15) ; 

e) 14v 01 : l’Enfant Jésus revient à la poterie, mais il brise tout ce que l’on avait fait pendant quatre jours et s’en va (14v 01-10) ; Ps. Mt 33 ? Th. A 11 ; B 10 ; L ; ) 

f) 14v 11- 19 : le soir Josef va chercher l’Enfant Jésus ; après l’avoir rencontré dans une ruelle, il l’amène à la maison (15r 03) ; Notre Dame lui demande où il a été (15r 06-08) ; l’Enfant Jésus répond qu’il a travaillé à la poterie (15r 13-19) ; notre Dame lui donne à manger et à boire (15v 09) et ensuite Jésus va se coucher (15v 10) ; 

g) 15v 11-19 : Le teulier (« potier / tuilier » ) arrive à la poterie et trouve tous les objets brisés ; il en a regret (16r 01-10) ; ensuite il va chez Josef pour parler avec lui de ce que l’Enfant Jésus avait fait (16v 11-19) ; ils décident d’aller voir ce qui s’est passé à la teuliera (16v 10-17) ; 

h) 17r 01-05 : le teulier trouve que tous les objets sont entiers et s’étonne ; Josef se met en colère (17r 06 13) ; le teulier demande pardon (17r 16) ; tous sont pleins de joie (17v 01-06) ; 

4. 17v 07 – 21r 19 : quatrième miracle : le compagnon tué Abramon ; 

a) 17v 07 : le groupe de garçons avec l’Enfant Jésus montent sur un mur (17v 11 ; Th. A 9, 1 ; B 8 ; L 7 ; Ar. 43 ; Ps Mt 32) ; Jesus monte le premier avec d’autres 37 compagnons ; les prénoms des 37 garçons (17v 12 – 18r 10) ; les gosses vont se solassar (18r 12 ; « s’amuser ») sur le mur ; 

b) 18r 14 : Feriac, un garson malastruc, prend Abramon par la gueule et le fait tomber du mur (18r 16) ; Abramon meurt ; tous s’en fuissent, tandis que l’Enfant Jésus reste assis (18r 17-19) ; c) 18v 08 : Les parents d’Abramon sont fâchés ; ils accusent l’Enfant Jésus, qui est resté sur le mur (18v 19), d’avoir tué Abramon ; ensuite ils vont chercher saint Josef (19r 14) ; tous ensemble ils arrivent au mur où Jésus est encore assis (19v 15-19) ; 

d) 20r 05- 19 : Jésus descend du mur et on lui fait le procès ; 

e) 20v 10 : Jésus dit aux juifs d’aller demander à Abramon si c’est vraiment lui qui l’a tué et leur dit de porter le mort devant lui ; 

f) 20v 15-19 : quand les juifs viennent de porter le mort, l’Enfant Jésus lui demande si c’est vraiment lui qui l’a tué ; 

g) 21r 01 : l’Enfant Jésus fait ressusciter Abramon, qui le reconnaît comme Dieu (21r 06-08. 12-13) ; Abramon dit, sans point l’accuser, que c’est Feriar (21r 09 ; ou Feriac 18r 14) qui l’a tué ; 

5. 21r 14-24v 08-14 : cinquième miracle : l’Enfant fait des oiseaux de l’argile de la rivière. 

a) 21r 14-21v 02 : l’Enfant Jésus va à la rivière avec ses compagnons pour s’amuser ; 

b) 21v 06 : il prend de l’argile et en fait cinq cents oiseaux (21v 07-13 ; Th. A 2, 2 : 12 oiseaux ; B 3 ; Jn. 1-5 ; Ar. 36. 46 ; Ps Mt 27. 30-31) ; 

c) 21v 14-19 : il les fait voler et chanter ; 

d) 23r 06 : comme les juifs son falses, les oiseaux les châtient et les saillent quand ils volent sur eux ; 

e) 23r 18 – 23v 05 : les juifs accusent l’Enfant Jésus d’être un diable ; 

f) 23v 09-19 : les juifs tiennent conseil en cachette contre l’Enfant Jésus ; 

6. 23v 07-26v 06 : sixième miracle : l’Enfant Jésus transforme des gosses en porcs et truies ; 

a) 23v 07 : pour essayer s’il est vraiment Dieu, les juifs remplissent une salle d’enfants (23v 10-11), font venir l’Enfant Jésus (23v 16), qui passait par là (23v 15) et lui demandent de deviner ce qu’il y a dans la salle (23v 19) ; l’Enfant répond qu’il y a des porcs et des truies (24v 02) ; (Th. Ar. 40 : « chevrons ») ; 

b) 24v 06 : les juifs ouvrent la salle et trouvent des porcs et des truies comme l’Enfant Jésus a dit (24v 08-14)  ; le miracle s’arrête au vers 26v 06, mais il est très facile de deviner que l’Enfant Jésus fera changer encore une fois les porcs en enfants et sera reconnu comme Dieu ; 

7. 21r 14-26v 07 : septième miracle : la poutre courte ; 

a) 24v 15-19 : le récit sans commencement présente Nalec qui va poser la poutre sur le toit de la maison qu’il est en train de bâtir (Th. A 13, 1 et Th. B 11 ; Ar. 38-39 ; en Ps Mt. 37 c’est saint Josef qui coupe une tranche) ; 

b) 24v 17 : la poutre est plus courte d’une canne (1, 80 cm) ; on fait descendre la poutre à terre (24v 18- 25r 1-2) ; 

c) 25r 04 : Nalec est assis sur la poutre, tandis que l’Enfant Jésus (25r 03) passe ; il demande à Nalec ce qui arrive (25r 06-07) ; Nalec dit à l’Enfant de ne pas l’importuner ; 

d) 25r 13-17 : l’Enfant dit à Nalec d’essayer de tirer la poutre ; Nalec lui répond avec piété (25v 01-05) ; 

e) 25v 04 : Nalec veut croire à l’Enfant Jésus et prend la poutre d’un cap (25r 06) ; 

f) 25v 06-08 : l’Enfant Jésus et Nalec tirent la poutre ; 

g) la poutre s’allonge de douze pans (25v 09) ; il faut la couper, parce qu’elle est trop longue (25v 10) ; Nalec reconnaît l’Enfant Jésus comme Dieu (25v 13-19) ; 

h) 26r 01-04 : Nalec va chercher des hommes qui l’aident à poser la poutre sur le toit ; 

i) 26r 06 l’Enfant Jésus tout seul met la poutre à sa place ; 

j) 26r 18-26v 07 : Nalec s’émerveille et considère Jésus comme Dieu. 

8. 26v 08-30v 05 : huitième miracle : à l’atelier du forgeron ; ce miracle a été commenté par BIADENE 1899 : 173-196

a) 26v 08-19 : l’Enfant Jésus passe devant les ateliers des forgerons ; 

b) 27r 01 : L’Enfant Jésus demande de lui donner à travailler ; 

c) 27r 02- 08 : le premier maître ne l’accepte pas ; 

d) 27r 08- 16 : le deuxième maître ne l’accepte pas ; 

e) 27v 01-02 : il doit dire au troisième : maistre sobre tos los autres maistres (« maître supérieur à tous les autres maîtres ») ; 

c) 27v 06 : le maître accepte l’Enfant Jésus et l’appelle frayre (« frère ») ; 

d) 27v 07-19 : l’Enfant Jésus travaille chez le maistre sobre tos los autres maistres

e) 28r 03 : un homme qui était très mal à l’aise passe devant l’usine ; 

f) 28r 05-06 : l’Enfant Jésus le prend et le met dans le feu ; 

g) 28r 19 : le maître considère l’Enfant Jésus (28r 12-18) comme un fou ou un diabol, (« diable ») ; 

f) 28v 02-10 : le maître prend un air humble et attend que l’Enfant Jésus fasse son travail pour ressusciter l’homme ; 

g) 28v 09-19 : Jésus fait rajeunir l’homme qu’il avait mis dans le feu (Th. Ar. 29) ; l’homme était âgé de 100 ans (29r 01) ; il avait l’air d’un jeune âgé de 18 ans (28r 02) ; 

h) 29r 03 : le maître regard ce que l’Enfant Jésus vient de faire ; lui demande pardon et le reconnaît comme Dieu et homme (29r 07) ; 

9. 29r 08- 30r 15 neuvième miracle : l’Enfant Jésus ressuscite la mère du forgeron ; 

a) le maistre croit de pouvoir faire ce que l’Enfant a fait : il prend sa vieille mère et la met dans le feu de la forge (29r 08-12) ; 

b) 30r 01 : le maître ne sait plus quoi faire, car il a tué sa mère ; 

c) 09-12 l’Enfant Jésus reproche le maistre pour son orgueil ; 

d) il ressuscite la mère mise dans la forge par le maistre (30r 15) ; 

10. 30v 06- 31v 08 : dixième miracle : à l’atelier du tenchurier, (« teinturier ») ; 

a) 30v 14 : (Th. Ar. 37) l’Enfant Jésus doit contrôler les lanas, à savoir, des étoffes de laine que l’on était en train de teinter en rouge, tandis qu’il allait préparer d’autres étoffes (30v 15) : l’Enfant Jésus doit séparer des chalons, à savoir de bonnes étoffes, et les teinter en blanc, en jaune et en pourpre ; 

b) 31r 04-05 : il prend une draca, à savoir un chaudron, et y met tous les drapos

c) 31r 10 : le maistre revient de la ville et trouve que l’Enfant Jésus a teint tous les étoffes en blanc) ; 

e) 31r 12 : le maître se fâche ; il prend un tion (« tison ») allumé et veut ferir l’Enfant (31r 16) ; 

f) 31r 17-18 : le maistre lance le tison quand il trouve l’Enfant ; 

g) 31v 01-02 : l’Enfant revient à l’atelier et fait changer les étoffes en sa propre couleur ; 

h) 31v 07-08 : le maître reconnaît l’Enfant Jésus comme homme et Dieu. 

La famille de Jésus.

La famille de Jésus se compose de sa mère, Nostra Donno (2v 18 ; « Notre-Dame »), de son père Jausep (3v 1) / Josep (8v 12). l’Enfant Jésus a aussi des parents proches clergues (3r 17 ; « instruits ») qui conseillent d’inscrire Jésus à l’école d’Azarian (4r 1), pour lui donner de l’instruction. On comprend tout d’abord que la famille de l’Enfant est de haut lignage (3v 7-8 ; del Rey David, 7r 18), comme l’on apprend par les évangiles ; au moyen-âge ce n’étaient que les nobles qui pouvaient s’instruire ; Jausep est un menuisier qui ne semble pas avoir eu d’instruction, puisque il n’a pas d’idée à quelle école inscrire l’enfant ; il a de la responsabilité à l’égard du garçon , mais il n’est pas son père ; la noblesse dérive pourtant des parents de Nostra Donno , même si Jausep descend de David (Matthieu 1, 17). Josef et Notre-Dame disent donc au maître Azarian qu’ils le payeront bien (4r 11). L’Enfant Jésus est rapporté par le texte aux fils des nobles de la ville au XIVe siècle. Dans ce texte, l’Enfant Jésus deviendra l’emblème de tous les fils de son âge : clerc, ou étudiant, mais il fera aussi tous les métier de ses compagnons, le potier, teinturier, le maçon.

Du manuscrit on connaît que dans la ville il y a des écoles où on apprend à écrire et à lire (3v 4 ; letras) sous de différents maîtres : Azarian (4r 7) et un maystre de bon p[or]tament (7v 8), qui semblerait remplacer Azarian ; on pouvait trouver dans le village d’autres enseignants, comme l’on déduit du vers 3v 15 (a qual escola) metren (3v 15). L’Enfant Jésus va à l’école étudier les écritures, comme il se passait au moyen âge chez toutes les familles nobles ; évidemment le choix d’un bon maître est fondamental.

Le manuscrit veut que l’école de l’enfant Jésus soit une école juive, mais il s’agit de l’école médiévale élémentaire, où sont adressés les garçons nobles de l’époque (VERGER 1997 : 52-58). Le choix du maître devait éviter l’éventuel barat (4r 3, « piège ») qui pouvait se passer à cause de la ruse de l’enseignant qui prenait de l’argent sans rien conclure. Azarian devait ,donc, ensenhar letras, apendre et adoctrinar (94r 9-10) : enseigner à écrire, donner l’instruction de base et impartir des principes de la morale (VERGER 1997 : 52-58). GODEFROY 1938 : s.v. « barat » (« baratta » ; REW 943a) explique ce mot par la signification de « ruse, tromperie » ; ce sont ceux qui trompent en échangeant tout pour gagner de l’argent.

Les vers 4r 18-4v 1-5 remarquent le problème de la violence sur les élèves … non toques … ni feres … ni bates … (« … ne toucherez pas à lui … ni le blesserez pas … ni le frapperez point … » par un climax ascendant de la gradation des punitions que l’éducation au moyen âge prévoyait : c’étaient des soufflets ou des gifles, mais on pouvait employer aussi le bâton ou le fouet (LETT 1999 : 85) ; c’était une mauvaise méthode d’enseignement, que l’on ne peut pas faire remonter au châtiment du corps en tant que fruit du sexe et par conséquence peccamineux : la violence sur les élèves à été présent malheureusement jusqu’à aujourd’hui. Azarian promet qu’il ne fera rien de tout ça (4v 3-5), mais en proie à la colère devant le silence de l’Enfant Jésus (4v 14) il l’annet ferir sus lo col (« il le tapa sur le cou ») et tomba immédiatement mort (4v19-5r 1). Après la mort d’Azarian c’est un autre maître qui arrive : il était de bon p[or]tament … gentil hom de paragi … honrat homs et de grant linhagi… (7v 8-10 ; « de bon caractère … homme gentil de parage …, un homme d’honneur et de grande noblesse ») ; c’est ce maitre même qui va demander à Jausep de pouvoir enseigner à l’enfant Jésus (7v 14-18). Il est bien évident que ce personnage, dont on ne connaît pas le nom, entre en compétition avec Azarian,qui est un bon maître, mais il a blessé l’Enfant Jésus ; en outre il n’est pas capable d’enseigner à la hauteur de la sagesse de l’Enfant. 

Le texte rappelle les élèves qui sont à l’école avec l’Enfant Jésus toss els que en l’escola eran (5r 2 ; « tous ceux qui se trouvaient dans l’école »), mais on ne déduit pas de quelle sorte d’étudiants il s’agit : on suppose que ce soit un groupe du CP (Cours premier) ou au maximum du CP1 (Cours premier 1), où l’on apprend l’alphabet, en ce cas celui de l’hébraïsme (alef … bet ; 4v 12-13), puisque l’action se déroule en Palestine, mais la vie de tous les jours est celle qui se passe dans quelque village médiéval que ce soit. Le texte souligne donc que le CP1 est un niveau trop bas pour les capacités de l’Enfant, qui peut aborder immédiatement l’école d’un maître en teulegia | en los ars, in gramansia (7v, 11-12 : « en théologie, en tous les arts et en grammaire »), mais on trouve aussi que l’enfant met en difficulté son maître sur la position de l’alef (le « alef » c’est la première lettre de l’alphabet juif)et de bef ( « beth » , la seconde lettre de l’alphabet juif) que le texte appelle bef pour la rime avec alef ; les évangiles apocryphes présentent la discussion de Jésus à ce sujet, comme on trouve, par exemple dans l’évangile de Thomas 6, 1-4 ; MORALDI 1971 : 255-256 ; ) la scène va se conclure par l’« anagnorisis  » de l’Enfant en tant que Dieu, qui donc fait ressusciter Azarian (9v 15-10r 8).

Durant tout le moyen âge la théologie a toujours compris la philosophie selon l’expression de saint Pierre Damiani (1007–1072) « Philosophia ancilla Theologiae » (« la philosophie est la servante de la théologie » ) : le raisonnement, donc, sur la position de alef … bet (4v 12-13) du texte est une discussion philosophique qui devient théologique et le maître de l’Enfant le reconnaît ainsi en tant que Dieu pour sa sagesse. L’enfant Jésus est déjà diplômé en los ars, et la gramansia (7v, 11-12) , la grammaire, la rhétorique et la logique, qui étaient les sciences du Trivium ; le Quadrivium se composait de arithmétique, musique, géométrie, astronomie, ou ganren d’autres sciencias (« beaucoup d’autres sciences »), que l’on apprenait à l’école où se trouve l’enfant Jésus. 

L’éducation de l’Enfant et les deux maîtres ne servent qu’à préparer le miracle de la résurrection d’Azarian (9v 15-10r 8), qui, après son retour à la vie, se repentit de ses fautes et adore l’Enfant comme Dieu. 

Le village de l’Enfant Jésus

Bien que le petit Jésus soit de haut lignage, ses action et ses comportements ou, en un mot, sa vie de toujours ne s’éloignent pas de la culture du village, notamment de ses copains de jeu qui ne sont pas de noble famille. Ce que le texte donc va montrer c’est un cadre de la vie enfantine de toute époque, dirait-on jusqu’à la parution de la télé : des gamins qui s’amusent, et parfois il se font du mal quand ils tombent ou se frappent entre eux. Il y a pourtant l’aspect du travail enfantin aussi : l’âge de quatre ans prévoyait que le garçon dût travailler pour aider sa famille ; l’enfant Jésus va à l’école en tant que noble, mais il va aussi travailler comme tous les autres garçons du village. Le texte présente naturellement l’activité de l’Enfant pour en montrer les miracles, mais on peut bien en déduire l’exploitation du travail enfantin, la plaie de toute époque. 

Les juatons (11r 9 ; « compagnons de jeu  » ) de l’enfant Jésus. 

Le texte présente 37 juatons ou « compagnons de jeu  » de l’enfant Jésus. Selon la mentalité du rédacteur du texte, parmi les noms des gosses que l’on va rappeler on trouve qu’il y en a de toute sorte, notamment juifs, mais aussi de voeux, congratulatoires et théophores. 

Ferier (17v 12) ; Abramon (17v 13) ; Jucifon (17v 14) ; Semiel (17v 14) ; Crescas (17v 15) ; Salamon (17v 15) ; Caracause (17v 16) ; Mosson (17v 16) ; Espuef (17v 17) ; Jutze (17v 17) ; Tartonet (17v 17) ; Boniac (17v 18) ; Vilabon (17v 18) ; Aragon (17v 19) ; Bonet (17v 19) ; Jacob (17v 19) ; Astrugult (18r 1) ; Vidalon (18r 1) ; Bondia (18r 2) ; Josse (18r 2) ; Barba (18r 3) ; Mosse (18r 3) ; Saura (18r 3) ; Riconet (18r 4) ; Salamis (18r 4) ; Garen (18r 5) ; Duranton (18r 6) ; Mordacays (18r 6) ; Salamonet (18r 6) ; Benvengut (18r 7) ; Dieulosal (18r 7) ; Acrestal (18r 8) ; Mironet (18r 8) ; Cartengut (18r 9) ; Riginon (18r 9) ; Bonjussieu (18r 10) ; Cartonet (18r 10) ; Les 37 prénoms, naturellement tous masculins selon la distinction sexuelle médiévale, rassemblent aux personnages de la généalogie de Jésus de Matthieu 1, 1-16. Parmi les noms juifs on trouve Abramon, Jacob, Salamon, Mosse (EJ 1899 : 98), Mosson (Moïse). Mordacays (« Mardoché  » HERBELOT 1776 : s. v. « Mordacays  » ; EJ 1899 : 96) et Salamonet (EJ 1899 : 266, diminutif de «  Salamon  » , Salomon de la Bible) sont délégués des juifs de Provence chez Charle d’Anjou (1226-1285) pour demander au roi la clémence pendant l’inquisition ; Semiel rassemble à « Samuel  » des juifs de Tarascon de EJ 1899 : 98) ; on trouve Jucifon dans l’inventaire d’un médecin juif di XIV siècle (EJ 1899 : 244 ; « unum librum papireum vocatum Jucifon  » , le « Yosiphon » de EJ 1899 : 253). D’autres prénoms sont congratulatoires, comme Benvengut (« *benevenutum, Bienvenu  » ), ou de voeux comme Bondia (« *bŏnum-diem  » ) qui pourrait être « Bondavi » aussi de EJ 1899 : 98 ; Bonet (« bŏnum  » ; EJ 1899 : 269) ; Boniac (< « bŏnĭăcum  » ) est présent dans un acte de vente du 15. 12. 1285 (EJ 1899 : 95) ; Caracause (< « *cara-causa  » ) ; Cartengut (< « *carum-tenutum  » ) est devenu le nom de famille « Carotenu » ; Cartonet dérive de « *carum-tŏnum  » ; Crescas (< CRĒSCĔRE) signifie « Que-tu-croisses » et semble l’aïeul de Caravidon Cresque (1432) de Tarascon (EL 1899 : ) ; on trouve le prénom théophore Dieulosal < « *Dieulosalve (Dieu-le-sauve)  » chez plusieurs générations (EJ 1899 : 105) ; Saura : en occitan « saure, blonde » , ou « alcyon » ; Duranton (EJ 1899 : 99, de « DŪRĀRE  » ; rappelle « Durante > Dante » ). On trouve aussi Riginon (« Reginon  » ) qui dérive de l’ancien allemenad « rĕk-» (FÖRSTERMANN 1966 : 290) avec la désinence romane « -on  » ; on rappelle Réginon de Prüm (842- 915), qui a écrit une chronique de l’ère chrétienne jusqu’à 906. Mironet est le diminutif de « Miron » , qui est le prénom du seigneur de Sisteron, mort en 999. Tartonet trouve sa correspondance dans l’ancien allemand « Dhar(o)th » (FÖRSTERMANN 1966 : 92 > Tarth / Tart) avec les suffixes «-on / -et  » ; Vidalon < « *vītālōne < VĪTĀLE(m)  » , semble pareil à « Vidon » des juifs de Tarascon (EJ 1899 : 102) ; Vilabon < « VĪLLA – BŎNUm  » ) ; Aragon est un cheval (GODEFROY 1938 : s. v. « Aragon  » ), Barba signifie « barbe » (REW 944) ; Salamis est apparenté à « Salamon » , mais ce n’est pas du latin (nom. « SĂLĂMĪS gen. SĂLĂMĪNIS  » ), qui ce serait l’île de Salamine. Plusieurs de ces prénoms semblent inventés : Acrestal est apparenté à « acrêter  » (GODEFROY 1938 : s. v. « acrester, < CRĪSTA  » ) ; Astrugult derive de « *ăstrūcum  » REW 747 ; « heureux  » ) , dont on n’explique pas le groupe «-lt-  » ; « ĂSTRU(m)  » , uni à l’ancien allemand « goltha  » , pourrait signifier « vertue d’étoile  » selon le vers 11 de Guinizzelli « Al cor gentil rempaira sempre amore… come vertute in petra prezïosa, che da la stella valor no i discende » (« … comme la vertu de la pierre précieuse, … la valeur ne lui vient pas de l’étoile …) ; il faut hasarder, toutefois, qu’un nom latin puisse se composer avec un nom germanique ; il existe aussi Astruc d’un document de 15. 12. 1285 (EJ 1899 : 96) ; peut-être faudra-t-il donner mérite à la fantaisie de l’écrivain, comme il a fait avec des prénoms de grand effet : Bonjussieu c’est « Bonjuzas  » de EJ 1899 : 266, Espuef, à la même finale qu’alef (09r 15), la première lettre de l’alphabet hébraïque ; Ferier (< «  *ferarium < FĔRAm, bête sauvage  » ) ; Ferrier est l’un des juifs de Tarascon de EJ 1899 : 98) et avec Feriac peut dériver aussi de « FĔRĪREm, blesser  » , de « FĔRRUm, (fer)  » ou « FĔRUm (sauvage)  » Jutze « [ju’tze] » c’est « Josué  ». La concordance assez précise de ce nom de L 103 et des juifs de Tarascon propose l’une de ces trois possibles causes : ou le rédacteur de L 103 connaissait des juifs de Tarascon, ou il a lu des documents à ce sujet, ou par hasard tous ces prénoms étaient usuel chez les juifs du midi en toute époque. La conclusion est que ce prénoms sont attribuables à des personnages de la fin du XIIIe siècle ou du commencement du XIVe, ce qui daterait aussi le manuscrit L 103 fin du XIII siècle. Il faut rappeler la remarque de ANIBERT 1781 : 395 au sujet de la synagogue d’Arles pendant la république (1220-1251) : à Arles les juifs se réunissaient dans la Rue Neuve (ANIBERT 1781 : 397). Les prénoms occupent en symétrie l’espace d’une carte (17v 12 – 18r 10). On trouve que cet aspect géométrique, qui n’est pas le seul dans le texte, est usuel dans la peinture de la seconde moitié du XIII siècle. 

Les jeux des enfants. 

L’enfant Jésus va s’amuser à la rivière avec d’autres compagnons (20r 18-20v 6) ; on comprend bien aussi de ce texte que ces enfants ne vont à l’école ni le matin (21r 18-19-21v 1-2) ni l’après-midi (13v 18 ; l’Enfant n’a rien mangé tout le jour pour travailler chez le teulier). 

De l’eau, de la boue, de la sable ont été toujours le passe-temps des enfants du village : Jésus va former des oiseaux de toute sorte (20v 12-13), puis il les fait voler et chanter (21v 14-19) ; l’amusement le plus divertissant des gamins sur la rivière c’est de lancer de la boue entre eux, pour salir aussi les adultes qui gardent un oeil sur eux, puisque dans leur village les garçons ont beaucoup de liberté et il y a toujours quelqu’un qui les contrôle ; or généralement la boue « par hasard » arrive sur les adultes qui sont présents ; le texte veut exagérer le tour que l’enfant Jésus va faire pour souiller par les oiseaux les juzieus qui le regardaient (23r 4. 6), mais il est bien proche du comportement des gosses qui s’amusent avec la boue. 

Un autre amusement très habituel des enfants du village c’est de grimper sur un mur (pujar 17v 10 ; puget 17v 11) et l’entreprise est encore plus amusante s’il est difficile d’y monter et si l’on peut y marcher. 

Dans le groupe d’enfants il y a souvent un malastruc* (18r 14 ; < « Malastrucum < MĂLU(m)-*ăstrūcum » ; REW 747 ; « malheurux » ; LE GOFF 1987 : 344). Le malastruc Feriac (18r 14 ; ou Feriar de 21r 09), donc, plus maladroit que méchant, va faire tomber Abramon (18r 15) du mur. Feriac n’était pas un marginal, parce que les gosses qui marchent ne sont pas handicapés ; il est violent en conséquence de son être malastruc ; si ce fût de la méchanceté, le texte aurait dit pourquoi Feriar / Feriac (21r 09) avait tué Abramon ; au contraire, son geste irréfléchi sauve tous les enfants de l’accusation de délit, tandis que Feriac n’est pas responsable de son geste pour sa condition ; l’épreuve en est que, l’auteur découvert, on ne lui dit rien et on ne le châtie pas. Ce n’est pas le danger qui provoque la mort, mais l’action de Feriac. Ce qui est important pour l’auteur c’est de remarquer la réalité de l’amusement des copains de l’Enfant Jésus et sa puissance devant l’impossible qui le fait reconnaître Dieu. Quand le malheur se passe, les garçons fugiron (18r 18 ; « s’enfuirent  » ) , se comportant comme tous les gosses en groupe, quand il arrive un fait désagréable : ils s’en vont immédiatement chercher sûreté chez leurs parents à tort ou à raison. Cette fuite est dérivée du réalisme de la vie des enfants de tout village. 

Une autre amusement très dangereux, mais très amusant pour les gosses, c’est de monter sur quelque pilier ou sur une pierre saillante d’un mur ou, encore mieux, tous ensemble  en haut sur la poutre oscillante; naturellement il est très facile aussi d’en tomber dessus, comme il arrive dans les récit du miracle du soleil (18r 16), parce que les gamins parfois, n’apercevant pas le danger ou le risque, arrivent à se faire du mal, comme il se passe parfois malheureusement dans la réalité ; c’est celle-même aussi la vie du village de toujours. c’est alors que la tragédie se passe, comme il arrive pour les garçons qui montent sur le soleil avec l’Enfant Jésus (10v 18-11v 19) ; naturellement, puisque l’enfant Jésus reste assis sur le soleil (11v 9. 13), il est considéré le meneur du jeu (12r 1), comme il se passe quand Abramon tombe du mur (18r 15-16), où encore une fois l’Enfant Jésus reste assis (18r 19) et est inculpé d’avoir tué Abramon (19r 9-10) ; en tous les deux cas on a devant les yeux les fresques médiévales de l’enfant Jésus assis sur le soleil ou sur le mur. 

La foule. 

Dans le texte la foule se compose de juifs, mais ce sont les même personnages que l’on trouverait dans une fresque médiévale qui représente la vie de Jésus. 

Le premier groupe que l’on rencontre ce sont les parents de Notre-Dame, qui conseillent de faire aller l’enfant Jésus à l’école : il ne s’agit pas de la volonté d’exploiter les capacité du garçon qui, au contraire, serait destiné à une activité manuelle, mais de l’intérêt de la famille de haut lignage qui ne veut pas que l’Enfant demeure parmi les ouvriers ; le teulier (13v 4-8) ne veut pas accepter l’Enfant chez lui pour cette sorte de différence sociale, qui ne lui a fait pas apprendre un travail manuel, n’ayant donc point d’expérience du métier. 

La foule des juifs menescresens (20v 11) ou reneguas (23v 6) , deux épithètes qui ne cachent pas les persécutions de l’époque contre les juifs, cherche toujours à trouver des prétextes pour accuser l’Enfant ou à le soumettre à l’épreuve, comme il se passe souvent dans les évangiles (Jean 8, 6 : « Ils disaient cela pour l’éprouver, afin de pouvoir l’accuser  » ; Mathieu 16, 1 : « Les pharisiens et les sadducéens abordèrent Jésus et, pour l’éprouver, lui demandèrent de leur faire voir un signe venant du ciel  » ; Marc 10, 2 :   « Les pharisiens l’abordèrent ; et, pour l’éprouver, ils lui demandèrent s’il est permis à un homme de répudiér sa femme  » ; Luc 11, 16 : « Et d’autres, pour l’éprouver, lui demandèrent un signe venant du ciel  » . ) La foule des miracles de L 103 se compose aussi des curieux du village qui sont toujours présents quand il se passe un fait nouveau : c’est la même manière de se comporter partout. C’est du même au moyen-âge qu’aujourd’hui : il y a de la foule quand un enfant est tombé et s’est fait du mal comme par exemple quand les enfants tombent du mur (17v 10) ou du solelh (11r 3), puisque chaque adulte du villages garde un oeil sur les actions des gosses : dans le groupe il peut y avoir bien leurs fils ou leurs neveux, qui peuvent provoquer des dommages, comme il arrive dans ces miracles ; quand l’adulte qui s’aperçoit du malheur de l’un des garçons, c’est toute la foule des parents des enfants qui arrive (11r 18-19). Comme dans une grande fresque médiévale, on pourrait regarder ceux qui entourent Azarian mort (5r 1-5) et ceux qui vont le pleurer par la villa (5r 4) ou devant les enfants morts (11r 18-19) à la même manière de tous les habitants d’un petit village où tous se connaissent et s’aident entre aux. 

Il ne faut pas oublier que d’entre la foule il y a toujours le rusé qui veut trouver la solution aux cas plus difficiles : c’est le cas du juzieu (23r 18) qui veut mettre à l’épreuve l’Enfant par l’astuce de renfermer des enfants du village dans un hostal (« pièce  » ; 24r 10) et de demander à l’Enfant ce qu’il y a dedans. L’autre scène de la fresque c’est l’Enfant qui passe et qui rencontre les juifs qui tombent dans leur même piège (24r 9-24v 9). À ce propos il est important de remarquer l’adjectif aquel (2v 3. 14) adressé onze fois à l’enfant Jésus, qui est presque montré du doigt par la foule devant lui. 

Les habitants du village sont caractérisés notamment par la rumeur : il y a beaucoup de passages où les juifs « parlent  » en secret ou en public pour mettre à l’épreuve l’enfant (5v 13 ; 6r 12 ; 7r 14 ; 10r 11 ; 11v 11. 15 ; 22r 17 ; 23r 7 ; 23v 13 ; 28v 9.) 

D’entre la foule du village on peut considérer aussi le senescal qui est présent où les juifs vont lui demander justice pour la mort d’Azarian (5v 17 ; 6r 5. 8. 13 ; 6v 1. 9. 18. 19 ; 7r 10. 4). Plus qu’en Palestine on est donc sur la scène d’un village médiéval où l’on joue la vie de l’enfant Jésus. 

 Quelle âge a-t-il, l’enfant Jésus ? 

Le manuscrit parle d’un enfant de quatre ans (02r 07), mais par les actions qu’il fait, n’est-il point plus âgé quand il est à l’école (4r 1-10v 15) ? Et n’est-il pas un adulte, quand il travaille chez le forgeron (27v-30v), ou quand il prend la tranc (la « poutre » ; 25v 6) ?

Tout d’abord il faut considérer que le texte nous présente les miracles de l’enfant Jésus en tant que des fresques médiévales, où l’action est réduite au symbole ; les objets et les personnages n’ont pas de perspective ; leur importance est donnée par leurs dimensions sur la scène. En réalité on pourrait penser que quatre ans (02r 07) pourrait correspondre même au premier apprentissage d’un métier, qui pouvait commencer à n’importe quel âge (BOILEAU 1879 : CII). On peut considérer Jésus un petit garçon quand il fait des oiseaux de la boue de la rivière (21v 9) pour s’amuser ou quand il va rinar (11r 5 ; « uriner ») sur le soleil. 

 La scène de l’enfant Jésus qui annava a son hostal tant que podia(15r 1 ; « il marchait vers chez soi plus vit qu’il pouvait ») après avoir brisé tota l’obra que fach havia (14v 4 ; « après avoir brisé tout le travail qu’il avait fait » ) nous montre un gamin qui a toute l’air d’avoir joué une niche et de vouloir la cacher. En ce cas on ne pourrait pas dire qu’il est âgé de quatre ans ; encore il est plus difficile de penser que ce petit garçon pourrait s’asetar (03r 6 ; « s’assoir ») parmi les clers (2v 19 ; < « CLĒRĬCUm, instruit ») : ici on trouve l’Enfant Jésus qui est aussi grand que les étudiants de théologie qui rassemblent à des grands savants, dont la grandeur est moindre que la figure de l’Enfant Jésus, ce qui est la caractéristique des peintures médiévales, celle de peindre le personnage ou l’objet le plus important en évidence sur les autres. Si l’on pense que l’on pouvait exploiter le travail enfantin (BOILEAU 1879 : CII), en ce cas chez le tenchurier (30v 8-11 ; le « teinturier »), l’enfant Jésus du texte suit la tradition médiévale d’apprendre un métier ; mais ici aussi ce n’est pas l’âge qui compte, mais la grandeur du personnage parmi les outils du teinturier et le teinturier même et sa femme, qui sont sur un plan plus bas. On trouve la même technique de peinture médiévale quand le teinturier cherche à frapper l’Enfant (31r 12-19) par un tison du feu de la draca (31r 5) : dans cette fresque c’est le tion (31r 14) qui est le plus grand de tous les objets et des personnages mêmes. Donc l’âge de quatre ans (02r 07) ne peut être prise en considération qu’à l’égard du fait que Jésus est un petit Enfant, qui est Dieu, avec des pouvoirs divins. 

L’enfant assis sur le soleil (11v 13) a la mine d’un gamin qui sait ce qu’il fait et attend les juifs qui certainement iront lui demander ce qui se passe (11v 11). La grandeur de l’enfant sur le soleil est celle d’un petit garçon, mais dans le conteste de la fresque il est au-dessus de tous. 

C’est un petit Enfant-prodige celui qui est à l’école (4r 1-10v 15), qui répond à Azarian (4v 12-13), mais il est plus grand des étudiants de théologie qui rassemblent aussi à des universitaires, dirait-on aujourd’hui. C’est encore pour en faire une fresque médiévale que l’auteur veut peindre l’enfant Jésus en tant que Maître plus important qu’Azarian ou que les autres étudiants. En effet Jésus est âgé de douze ans et est assis au milieu des docteurs, les écoutant et les interrogeant (Luc 2, 52 : « Et Jésus progressait en sagesse, en taille et en grâce, auprès de Dieu et des hommes »). L’image médiévale sans perspective pose l’Enfant Jésus en première position et les autres personnages perdent d’importance. 

Il est évident que l’école au moyen âge était réservée à ceux qui avaient la possibilité de payer leur maîtres, à savoir aux nobles et riches  (rics 03r 1) : le maystre doit s’accorder avec les parents de l’Enfant à l’égard de la chiffre à payer pour l’instruction de leur fils en théologie ou dans un métier, comme l’on peut voir au sujet de l’Enfant qui va apprendre chez le tenchurier (30v 06- 31v 08) ou chez le forgeron 26v 08-30v 05. Le terme moderats rappelle la mesure de politesse et de sagesse des fresques médiévales. On peut dire la même chose pour rigirar (28r1 ; « se tourner ») : la description est typique des fresques médiévales ; on a l’Enfant Jésus , qui est plus grand que l’homme qui passe par la rue, tandis que le maître le regarde en biais.

Le garçon qui travaille chez le forgeron, qui se tourne pour regarder le vieux qui passe (28r 1-3) et qui va poser l’homme dans la forge, c’est un apprenti du forgeron qui n’est pas, donc, un enfant âgé de quatre ans : on trouve encore la dimension de la fresque médiévale qui présente l’Enfant Jésus en premier plan pour le rendre plus important que le forgeron et que les outils de l’usine et encore plus que le vieux. 

L’épreuve plus évidente que l’âge de quatre ans n’est qu’un symbole, c’est la scène de la tranc (25v 6, « poutre »), où le petit garçon travaille comme un homme adulte, prenant la tranc d’une extrémité ; ici aussi, comme dans une fresque, on trouve que l’image principale est l’Enfant Jésus, assez plus grande que la tranc corta (la «poutre courte»), et qu’il va l’éteindre pour l’allonger (25r 17), ce qui est le but du miracle. 

Il faut bien conclure que l’enfant est âgé de quatre ans et que l’écouteur de ces miracles devait imaginer une scène en tant qu’une fresque médiévale, où les règles sont celle de la peinture qui doit montrer le personnage ou l’objet principal, dont il ne faut pas connaitre les dimensions réelles, mais l’importance et la signification. 

Les métiers de L 103

Le manuscrit 103 présente trois miracles de l’Enfant qui veulent démontrer la divinité de Jésus devant des difficultés qui demandent l’intervention divine pour leur solution. Même si l’on n’attendrait que le merveilleux sur la scène, les métiers que l’enfants Jésus va faire sont très importants pour comprendre le travail enfantin médiéval ou mieux de tout époque. 

Il s’agit donc du travail de l’Enfant : 

1) chez le teulier (« potier  » 13r 07-17v 01-06) ; à ce propos il faut dire que la création d’oiseaux d’argile (21r 14-24v 08-14) pourrait être un aspect de ce métier, mais l’Enfant ne demande à aucun maître de pouvoir l’aider ; 

2) chez le maistre sobre tos los autres maistres (le forgeron ; « chez le maître supérieur tous les autres maîtres » ; 26v 08-30v 05) ; 

3) chez le tenchurier (« teinturier  » 30v 06- 31v 08) ; 

On peut ajouter parmi les métiers de l’enfant le miracle de la tranc corta (« poutre courte  » ; 21r 14-26v 07) : ce n’est pas vraiment une activité que l’Enfant demande de pouvoir faire, mais c’est le métier de Josef, que l’enfant aide selon les évangiles apocryphes (Th. A 13, 1 et Th. B 11 ; Ar. 38-39 ; Ps Mt. 37, où l’Enfant Jésus fait allonger la planche trop courte que le charpentier saint Josef était en train de travailler). Pour aider Nalec, le maçon de 21r 14-26v 07, l’enfant répète le miracle de Ps Mt. 37 qu’il a fait avec Jopsef : il tire avec Nalec la tranc corta mais d’una canna (24v 17; « la poutre courte plus d’une canna ») et dos pals et plus van l’alonga (25v 9 ; l’enfant et Nalec «la font allonger plus de deux pals » .) La canne mesurait à peu près 2 mètres; le pal « pans » c’était à peu près 23 cm(GUILHIERMOZ 1919 : 18); en conclusion la poutre, après l’intervention de l’enfant , était plus longue presque de 50 cm et il faut donc la couper : l’enfant Jésus, évidemment, car il est petit, n’a pas d’expérience de mensuration et le rédacteur exagère pour émerveiller. Le pal et la canna étaient au Midi de la France en substitution de la « toise » et de la « brasse » et rappellent l’influence du commerce italien (GUILHIERMOZ 1919 : 18). Pres (25v 6) et atozar (25v 10) représentent l’observation de l’activité des maçons dans la vie réelle.

L’apprentissage dès 4 ans. 

Les vers de l’enfant Jésus « travailleur » se prêtent à deux lectures différentes.

La première interprétation des miracles veut remarquer la divinité de l’enfant Jésus et veut émerveiller par les gestes d’un gamin qui connaît des métier dont il n’a jamais eu l’expérience pratique, mais qu’il peut bien exercer en tant que Dieu ; la saveur de légende de ces récits produit naturellement de la curiosité, du suspense et du merveilleux ; ce sont aussi les action ou ce que l’on dit à l’Enfant qui déterminent la punition de l’action commise à son regard, comme si l’enfant recevait un tort par le personnage qui est en relation avec lui ; c’est ainsi que, comme il punit Azarian (5r 1), il punit de quelque manière ceux qui lui s’opposent : il brise toute la vaisselle que l’on avait fait à la tuilerie / poterie (14v 7-8) ; il se moque aussi de l’orgueil du maistre sobre tos los autres maistres (27r 6-7 ; « maître supérieur aux autres maîtres ” ) ; encore l’enfant punit le teinturier pour sa présumée faute d’enfant et teinte les chalons en blanc (31r 2). Cependant, puisqu’il est Dieu, trouve la manière de remédier aux inconvénients qui se sont passés, comme la résurrection d’Azarian (10r 7), d’Abramon (21r 10) et des gosses qui sont tombés du soleil (13r 5); à l’égard des métiers, il brise la vaisselle du taulier potier (14v 01-10), mais ensuite la vaisselle est entière (17r 01-05) ; il ressuscite la mère mise dans la forge par le maistre forgeron (30r 15) ; chez le teinturier il fait changer les étoffes en sa propre couleur (31v 01-02). 

La seconde lecture du texte propose des particularités et des détails historiques qui remarquent la plaie terrible du travail enfantin de l’époque, qui est actuelle cependant aujourd’hui aussi. Tout que l’Enfant Jésus soit de gran linhage, (7r 16 ; « de bonne famille  » ), il va apprendre un métier comme tous les gosses d’extraction populaire et partage la condition sociale de ses compagnons : il est amené donc par Josef et Marie chez le tenchurier, (30v 08 ; le « teinturier  » ), afin qu’il apprenne ce métier. C’était la situation de pauvreté du moment, et malheureusement aujourd’hui aussi c’est du même, et les enfants ouvriers doivent porter à leurs parents de la monnaie pour vivre ; plus simplement c’était la mentalité de l’époque de faire travailler les gosses ; les fils des riches pouvaient fréquenter l’école, mais les pauvres devaient choisir de travailler pour manger au lieu de s’instruire. 

Le verbe meneron (30 v 8) nous renseigne que les parents cherchent toujours de donner un métier à leur fils pour lui faire apprendre un art et pour en tirer de la monnaie. 

On pouvait de même demander à travailler personnellement si l’on était plus âgés : par le verbe entornes(13v 8) on comprend que l’Enfant Jésus est refusé : ce n’est pas cependant pour des motivations sociales,, mais pour deux faits historiques qui transparaissent par ce texte : tout d’abord il fallait l’inscription à la confrérie de métier de fabre (26v 12 ; « forgeron ») ou de teulier (13r 18 ; « tuilier / potier ») ou de tenchurier (30v 8 ; teinturier) ; en outre il fallait commencer en tant qu’apprenti ou « valet » (BOILEAU 1879 : CII) ; encore on devait payer des « droits d’inscription » , de l’« aumône de métier » (BOILEAU 1879 : XCVII) et de l’indemnité pour apprendre un métier (BOILEAU 1879 : CIII) pour d’éventuels damages ; c’est ainsi que le travail de l’Enfant n’était pris en considération, jusque’à ce que l’on avait versé intégralement le prix de l’apprentissage (BOILEAU 1879 : CIII n 2). 

De BOILEAU 1879 : CV on connaît en outre que le « valet  » (apprenti) devait être considéré comme un fils par son maître, qui devait lui donner la nourriture, les vêtements et le logement. Il faut aussi bien remarquer que le maistre de sa part ne pouvait pas abandonner l’apprenti : le tenchurier vent a la villa (31r 6; « le teinturier alla en ville »), mais ce n’était pas selon les règles de la confrérie ; probablement son métier n’est pas agréable et l’unique ouvrier est laissé tout seul hors du contrat : le maître ne devait pas laisser l’apprenti, mais il était impossible d’être présent pendant toute la journée (BOILEAU 1879 : CV. CVII). Cependant les garçons devaient porter eux-mêmes leur repas au lieu de travail (non mangiey de tot lo jort ; 15v 8 : « je n’ai rien mangé pendant toute la journée ») ; parfois on pouvait les aider s’ils n’avaient rien, mais chacun mangeait son repas sans rien donner aux autres (envideron, 13v 15 : « invitèrent) ; 14r 12-13) : c’est le triste sort des enfants ouvriers (HEYWOOD 2001 : 121 s.), qui rentrent chez eux sans n’avoir rien mangé pendant toute la journée, ce qui devait être assez facile au moyen âge, comme il a été facile en Europe jusqu’au siècle passé et encore il n’est pas difficile d’en trouver de cas quelque part dans le monde. 

Selon une lecture superficielle, le dapmagi (16r 2 : «dommage») de toute la vaisselle brisée, ce n’est pas la conséquence de la mauvaise relation entre l’employeur (le prohoms; 15v 11) et le travailleur (l’enfant) parce que l’on n’a pas donné à manger au petit travailleur ; le prohoms est en règle selon les « lois » de la confrérie, car il n’a aucun devoir de lui donnerla nourriture et le logement (BOILEAU 1879 : 40), parce que l’enfant n’est pas devenu encore son apprenti; le prohoms donc va chercher dans son bref examen de conscience le tort (16r 4) que la vengeance de l’enfant aurait causé, et l’explique comme la « punition » que l’on donnait à l’époque et aujourd’hui aussi , pour une dette, ou une offense faite à l’un de ses propres adversaires. 

L’exploitation du travail enfantin, mais aussi celle des adultes, était caractérisée par des malversations des maîtres sur leurs apprentis ; en ce cas on trouve la punition par le tenchurier qui voulait blesser l’enfant (31r 16).

On comprend par le texte que l’Enfant tenchese (30v 13 ; « teignît) des laines dans une draca (31r 05 « *draca  » DU CANGE 1883-1887 : « draca  »), le chaudron des teinturiers, pour les faire bouillir ; l’Enfant Jésus, comme tous les gosses qui allaient travailler chez un tenchurier, devait employer de l’urine pour laver les étoffes avant de les teinter (BRUNELLO 1973 : 131-133) et contrôler que les étoffes restassent sous la mixture de la couleur bouillante (31r 2), où il y avait de l’urine aussi et d’autres composants chimiques (BRUNELLO 1973 : 124-128) ; il faut bien imaginer que les petits bras des enfants avaient nécessité de longues perches et qu’il s’approchaient des chaudrons de 100 cm de diamètre, avec des exhalations méphitiques ; c’était en conclusion un métier dangereux pour les adultes, qui devenait encore pire pour les enfants. Les gosses ne savaient ni se plaindre ni refuser cette occupation qui était considérée impure par les clercs (LE GOFF 1977 : 91-107).

 Chez le tenchurier l’enfant Jésus devait despartir (31r 1 ; «  séparer  » ) les étoffes de diverses couleurs et les tenher (30v 15 ; « teinter  » ) comme on lui avait commandé. Les drap[e]rs (30v 15) ou draps (31r 9) ce sont des étoffes en général ; DOM entend pour « drapier  » le moulin à foulon ; il y avait aussi les chalons(31r 2), des étoffes qui ont pris leur dénomination de Châlon-sur-Marne ; ici on entend de bonnes étoffes en sens général. Pour la teinture des étoffes roas (30v 14 ; « < RŬSSAm, rouge ») on employait du minium (tétroxyde de plomb hautement toxique), de l’ocre cuite ou du cinabre (BRUNELLO 1973 : 172). Si ces teintures étaient toxiques pour les adultes, on imagine bien ce qui se passait aux enfants. Il était plus dangereux encore de bouillir les étoffes en gruoc (31r 3) « < CRŎCUm , jaune ») : on faisait cette couleur par le sulfure d’arsenic (qui est cancérogène pour les adultes et encore pire pour les enfants) ou par l’ocre jaune (BRUNELLO 1973 : 172). Les exhalation de la draca(31r 5) pouvaient être moins dangereuses si, pour teinter en jaune, on employait de la gaude ou réséda (« reseda luteola » ; BRUNELLO 1973 : 138) ou le vermelh(31r 3), la couleur rouge vermeil (« < VĔRMĬCŬLUm ») obtenue par le traitement de l’insecte kermes, mais ce n’étaient que les teinturiers de Venise (BRUNELLO 1973 : 137), qui commençaient les couleurs et les étoffes, comme l’on peut bien comprendre de leur présence au Midi dès le XIIe siècle (CANALE 1844 : 72. 126. 305). Pour teinter en blanc (31r 10) on employait du crayon ou du calcaire (BRUNELLO 1973 : 171-172).

La confrérie médiévale. 

Les récits de l’enfance de Jésus de L 103 permettent d’examiner dans le texte ce que c’étaient les confréries médiévales. L’enfant Jésus joue donc deux rôles, celui du fils de noble famille et celui de l’enfant qui fait des prodiges en tant qu’homme et Fils de Dieu. Il va donc travailler chez plusieurs maistres («maîtres») ; sur l’arrière-plan de ces récits l’auteur dessine les miracles de Jésus. Le terme frayre (27r 03; « frère » ) , rend évident le caractère religieux de la confrérie des forgerons, comme on peut trouver à Paris (BOILEAU 1879 : XCVII) et sûrement en Provence, comme L 103 nous rend évident. Il est vrai donc que ces maîtres pèchent d’orgueil devant l’Enfant Jésus, mais il est aussi vrai que ce texte nous donne des renseignements précieux sur la vie de tous les jours en Provence. 

Ce n’est pas par hasard que sur le le texte on trouve cariera hon hobravon (26v 15. 16 ; « rue où des forgerons travaillaient » ) et frayre (27r 3 ; 27v 6 ; « frère » ) ; il s’agit d’une rue où les usines des forgerons étaient réunies ensemble à la manière des corporations. L’Enfant Jésus est donc le gosse du moment qui va demander de far (27r 1 ; « travailler » ) aux forgerons (30v 06-31v 14), qui ont beaucoup d’atelier avec les tisserands et les potiers (13r 07 – 17v 06 ; on porte par exemple Jean-Pierre SOSSON, en “Revue belge de philologie et d’histoire”, Année 1966, Volume 44, Numéro 44-2, pp. 457-478, La structure sociale de la corporation médiévale. L’exemple des tonneliers de Bruges de 1350 à 1500). 

Les maistres (maîtres).

 Le titre maistres sobre maistres (26v 14 ; « maîtres au dessus de tous les maîtres » ) est évidemment l’attitude d’orgueil devant l’Enfant Jésus, qui punira ces maîtres d’atelier, en ce cas, des forgerons ; évidemment Mt 23, 10 dit le contraire : « Et qu’on ne vous appelle pas non plus maître, car vous n’avez qu’un Maître, le Christ. » Cependant le terme maistre est le titre que l’on donne à ceux qui ont un atelier où ils travaillent avec des ouvriers ; Jausep aussi appelle maistre le tuilier / potier (16v 2). BOILEAU 1879 : 40 présente la relation entre le maître et ses subalternes à Paris vers la seconde moitié du XIIIe siècle, ce qui n’est point loin des métiers que l’Enfant Jésus veut faire en L 103 : le maistre demande l’obéissance de ses subalternes , sous peine de l’exclusion de la confrérie. Les maistres sobre maistres (26v 14; « maîtres sur tous les autres maîtres») ont l’aire d’être donc des maîtres d’atelier qui en formeront d’autres. Naturellement L 103 met en évidence l’orgueil que ces personnages ont devant Jésus, qui est vraiment supérieur à tous. 

Selon la loi des confréries, il fallait aussi un serment par le maître (BOILEAU 1879 : 40) de garder son métier  ; on peut aussi penser que ce serment était pareil dans tous les atelier, y compris l’usine imaginaire des forgerons de L 103. Le maître qui possède l’atelier devait être considéré supérieur pour son expérience à tout prohoms (28v 15 « prŏvĭdus hŏmo ») ou valet ou maître des ateliers qui étaient subordonnés à lui ; c’était à lui que l’on devait l’obéissance (BOILEAU 1879 : CXIV- CXVI). Par le verbe commandet (31v 3) on trouve que c’est l’Enfant Jésus qui doit le respect à son maistre, et on pourrait bien penser que le résurrection de la mère du forgeron ne va arriver que par la commande du maistre selon le rapport de dépendance entre le maître et son ouvrier, qui doit apprendre l’art pour l’enseigner à son tour, et qui doit appeler le maître seher (30v 18 « seigneur «).

L’apprenti doit demeurer (stet ; 27v 17 ; « demeura) chez son maître, qui, en cas de nécessité, lui donne à manger, à s’habiller et à vivre chez lui comme s’il était son fils (BOILEAU 1879 : CV-CVI) ; cependant les verbes ha trobat(31r 17 ; « il a trouvé » ) et venc, (16r 12 ; « il vint » ) laissent penser que l’Enfant Jésus allait travailler chez le tenchurier, (« le teinteur » ), et y demeurait pendant toute la journée, comme l’on peut déduire de vespre (27v 16 ; « le soir » ), mais il revenait au foyer au soir. 

De « valet » à maistre

La période d’apprentissage ne dure dans le texte qu’une journée pour les raisons du théâtre classique, mais elle pouvait terminer en réalité quand l’expérience était telle que l’apprenti travaillait sans surveillance après avoir passé son examen par un chef-d’oeuvre (BOILEAU 1879 : CIII-C. CVII). Comme l’apprentissage avait un coût et le travail de l’apprenti était gratuit, on pensait bien de le garder longtemps avant de lui faire passer l’examen de maître (BOILEAU 1879 : CIV). 

Il faut bien remarquer les actions que l’Enfant Jésus et le forgeron vont jouer sur la scène du récit : l’Enfant Jésus à son arrivée chez le forgeron est considéré un valet quand il rajeunit le vieux de C ans (28v 3, 29r 2) et la mère du maistre sobre tos los autres maistres (30r 9-19). Par ces deux miracles l’Enfant Jésus va faire devant le maistre son chef-d’oeuvre ; ce signerait la fin de son apprentissage (BOILEAU 1879 : CIX), qui pouvait terminer avant les années prévues si l’apprenti démontrait son habileté (BOILEAU 1879 : CVIII) ; c’est ainsi que l’Enfant Jésus en tant que valet devient maître (BOILEAU 1879 : CX) quand il vient de resucitar (28v 8 ; « ressusciter » ) le vieux (28v 3, 29r 2) et la mère du forgeron (30r 9-19) ; celui-ci dépend désormais de son élève : il est en train de devenir apprenti de l’Enfant Jésus qui au contraire aurait dû apprendre de son maître l’art de la forge. 

Le verbe regardet (13r 16, « il regarda  » ) remarque l’attitude typique des gosses qui observent les ouvriers travailler ; au même temps le travail des enfants était demandé d’habitude ; en ce cas les gosses au lieu d’aller à l’école, allaient regarder travailler ou travaillaient eux-mêmes. C’est ainsi que le valet enfant Jésus regardet (28r 2 ; « regarda » ) ce qu’il peut faire pour démontrer à son maistre qu’il connaît bien son art de forgeron ; il va donc chercher le premier objet à fabregar (27v 4 ; « forger ») et, pour faire son ouvre d’art-miracle il prend le premier vieux qui passe et, pour le rajeunir, le met dans la forge (28r 6). Le terme fuc (28r 1 ; FŎCUm, « feu ») rappelle le mythe de Triptolème (Gaii Iulii Hygini, Fabulae VI, Triptolemus) ou le mythe de Téthis qui mettait son fils Achille dans le feu pour le rendre immortel (Apollodore, Bibliothèque III, 13). Le verbe regardet (29r 3) exprime donc l’attention du maître qui doit contrôler, en ce cas, avec beaucoup de merveille : le maistre devient ainsi l’apprenti qui va remplacer l’Enfant Jésus qui a passé son examen (BOILEAU 1879 : CVIII-CIX). 

L’action de conter (28r7 ; CŎMPŬTĀRE, « compter ») c’est le temps qu’il faut pour tempérer de l’acier ou du fer ; en ce cas il semblerait que l’Enfant Jésus compte le temps pour tempérer l’homme qu’il a mis dans le feu. L’allusion au diable (28r 19) dans la pensée du maître pourrait entendre l’idée de sorcellerie, dont le forgeron a peur pour la possibilité de l’examen du tribunal de l’inquisition dans son atelier. Enrabiat(28r 12)etparlat (28v 9) ont toute l’air de signifier ici de « réciter une formule de magie » , étant donné que enrabiat ne veut dire ni « fâché » ni « fou » , mais « possédé par le diable » ; l’épisode de Luc 8, 26-39 présente l’homme possédé par des démons comme un fou ou enragé, avec les mêmes caractéristiques de la « rabies » classique (GAFFIOT 1934 : s.v. răbĭēs) qui au moyen âge était considérée une diablerie (GODEFROY 1938 : s. v. « enragie »). Il semble ici que le maistre veuille parler avec le public de la sorcellerie dont on parle dans les évangiles en accusant Jésus d’être le chef des démons (Mt 12, 24 : « Il ne chasse les démons que par Béelzéboul, chef des démons » ). L’emploi des boujas < «  bulga » (REW 1382), les soufflets, que les forgerons employaient pour augmenter le feu et la chaleur pour travailler le fer, rendent évidente la capacité de l’enfant Jésus de travailler chez le forgeron. 

L’imitation remarquée par les mots etal fayre (29r 9 ; « faire égal » ) est typique de l’élève, pas du maistre. Les rôles se sont désormais invertis, car à présent c’est le valet Enfant Jésus qui va enseigner. Le maître devrait ici passer son examen devant l’Enfant Jésus pour arriver à son niveau, comme il arrivait chez les atelier médiévaux : l’apprenti devait savoir faire un chef-d’oeuvre pour devenir maître. Le verbe cridar (29 r 19 ; « s’écrier » ) exprime le désespoir de l’élève qui ne sait plus quoi faire et va remuer dans la forge sans rien conclure. Le maistre sobre tos los autres maistres (27r 06-07) est devenu l’apprenti de l’Enfant Jésus et est en train de faillir son examen devant le vrai Maître (BOILEAU 1879 : CIX-CX). L’Enfant Jésus est devenu désormais un « maître d’atelier  » et regarde son « valet  » avec en peu de commisération ; les vers 30r 09-12 demandent d’imiter l’action que l’Enfant Jésus a faite en tant que l’épreuve d’examen que le nouveau «  valet  » doit faire devant lui. Par conséquent on remarque bien l’incapacité du maistre forgeron. 

Après le miracle, adanc l’enfant va si partir (30v 4 ; « donc l’enfant s’en va  » ) ; e lo maistre romac aqui (30v 5 ; « le maître reste chez soi  » ) ; évidemment après le miracle l’enfant s’en va ailleurs, mais il va partir aussi comme s’il allait enseigner dans d’autres ateliers, tandis que le maistre doit rester dans son endroit, car il n’a pas passé bien son examen et est resté « valet  » ou apprenti (Boileau 1879 : CVIII-CIX). 

L’habilité d’un mestier 

C’est chez le forgeron, qui det li a far (27v 13 ; « qui lui donna à travailler »), que l’Enfant peut commencer sa période de travail en tant qu’apprenti (BOILEAU 1879 : CV-CVI), même si l’on ne peut pas considérer la nécessité matérielle de l’enfant, puisqu’il est de haut lignage. 

Le système de la confrérie est expliquée par le texte : l’Enfant Jésus devient donc apprenti du forgeron (27v 13-14) ; même si dans le texte le temps d’apprentissage ne dure qu’une journée (27v 15-16) selon les règle de l’action du théâtre classique, l’Enfant passe son examen pour devenir maître en rajeunissant un vieux de cent ans (28r 03-29r 02) ; le maistre forgeron devient à son tour apprenti de l’Enfant Jésus (29r 03),

 mais il ne passe pas son examen (30r 01-06), puisque ilne peut pas ressusciter sa mère qu’il a mise dans le feu (29r 8-19) et que L’Enfant Jésus fait revivre (30r 15) en tant que le vrai Maître (30r 19-30v 03). Donc le maistre sobre tos los autres maistres (27r 6-7) devient valet (BOILEAU 1879 : CXIV- CXVI) de l’Enfant Jésus.

Toutefois, ce que l’Enfant Jésus fait, en tant que gosse qui va demander de lui donner à travailler, c’est de ne pas reconnaître l’autorité d’habiles artisans qui peuvent transmettre leur métier, notamment de génération en génération. À la teuliera l’Enfant n’est pas accepté en tant que fils de bonne famille (vos non es pas d’aquest mestier de13v 2 et prec vos, mon Enfant, que vos entornes de13v 7, « je vous prie de vous vous en aller »). Ce n’est point question de noblesse ; le refus du côté du potier est déterminé par le fait qu’un fils de nobles gens n’a pas l’habilité d’un ouvrier ou d’un gosse qui va s’adapter à tout ménage pour en tirer de la monnaie en tant qu’apprenti ; en outre il ne peut pas entrer dans la la confrérie des teulier s’il n’a pas payé la taxe qu’aujourd’hui on appellerait « droits d’inscription » à ce groupe de travailleurs. Selon le potier, donc la présence de l’Enfant Jésus n’est qu’une perte de temps, et par conséquent le potier ne désire pas qu’il travaille chez lui ; pourtant on ne lui donne pas à manger, comme il se passe dans les vers 13v 13. Le verse 13v 02 confirme que le chef de la tuilerie est un maistre etque l’enfant ne peut pas travailler sans son autorisation (BOILEAU 1879 : 40 ; au sujet de la confrérie des métiers en Provence on peut consulter BERNARDI : 2009 : 85-88.) 

Les maîtres forgerons du texte ne pourraient jamais douter de leur propre habilité, c’est-à-dire de toute leur corporation, qui trouve sa continuité matérielle dans la transmission du métier. À ce sujet il faut considérer la règle rigide de ne pas accepter dans la corporation ceux qui ne pourraient pas respecter la constitution écrite ou verbale (Catalogo della raccolta di statuti, consuetudini, leggi, decreti, ordini e privilegi dei comuni, delle associazioni e degli enti locali italiani dal Medioevo alla fine del secolo XVIII, du Senato della Repubblica Italiana, que l’on peut trouver en ligne aussi chez http : / / notes9. senato. it/ w3/ Biblioteca/ catalogoDegliStatutiMedievali. nsf/ home ?OpenPage). Ces corporations pouvaient avoir le caractère réligieux aussi, mais leur organisation était notamment commerciale, comme on trouve à Belluno au sujet de la Confraternita dei calegari di san Martino, à savoir « La confrérie des cordonnier de saint Martin depuis 1309 » de l’Archivio di Stato di Belluno, où l’on dit clairement au point X que l’on ne peut pas accepter ceux qui ne sont pas de l’art. Pour travailler dans la confrérie, il fallait bien de l’expérience et l’enfant Jésus dit au forgeron sabray ben ajudar (27v 11 ; « je saurai bien vous aider » ), à savoir qu’il a des connaissances du métier de forgeron. Il appelle le forgeron maistre et seher, (30v 18 « seigneur ») selon le rapport de dépendance entre maître et ouvrier, qui doit apprendre l’art pour l’enseigner à son tour. 

Il y a deux damages que l’Enfant Jésus va causer pour créer l’occasion de les réparer par ses miracles : il brise tous les objets d’argile du tuilier / potier(14v 7) et teint en blanc tous les tissus du teinturier (31r 7) et ensuite fugit s’en(31r 11 ; « il fuit ») ; apparemment on peut remarquer le comportement d’un gosse qui s’en va en cachette pour éviter des reproches et l’Enfant Jésus s’enfuirait pour créer du suspense puisqu’il a joué un tour au tuilier / potier et au teinturier. Or, selon les règle des confréries, on ne pouvait pas s’en aller sans conclure son apprentissage de deux ans, souvent d’après le payement des arrhes pour les dommages (BOILEAU 1879 : CII). Notamment on ne pouvait pas s’éloigner du maistre si l’on avait causé des dommages dans ls confrérie : il fallait bien que les parents en payassent la contre-valeur ; c’est ainsi que le teulier va chez Jausep demander la rémunération (16r 10-19 ; BOILEAU 1879 CII) puisque l’Enfant a brisé les objets de la teuliera (14v6-7). Chez les teinturiers on demandait aussi des amendes pour la couleur défectueuse (BOILEAU 1879 : CXXIV) et les jurés de la confrérie contrôlaient la qualité de la teinture (BOILEAU 1879 : CXXIV). Comme le contrat d’apprentissage était réglé selon des conditions précises (BOILEAU 1879 : CIV), Josef devrait payer les dommages que l’Enfant a fait ; cependant selon Jausep l’accusation doit être fondée, comme il se passait de règle chez les confréries (Calegari VIIr 15-25), et il veut aller contrôler (annen a la teuliera et veyren ; 16r 10) au lieu où l’on dit que l’Enfant a brisé les objets du teulier. Du texte on déduit que probablement les règles des Confréries prévoyaient pour les enfants des conditions moins rigides s’ils travaillent pour apprendre, comme on trouve que l’Enfant Jésus va faire, ou pour aider (ajudar ; 13r 17) le teulier notamment pour le miracle qu’il va faire ; cependant l’enfant n’est que l’un des gosses du village qui fatiguent tandis que le fils de bonne famille, comme lui il est (7r 16. 18, 13v 04. 06), ne faisaient rien. Les travaux des enfants étaient probablement très simples, peux dangereux pour les objets du maître et sans rémunération, avec la possibilité de faire payer aux parents les fautes de leur Enfant, comme il se passe en ce cas.

À remarquer

Ajas, fac, lassar (17r 10) , aysar, luech (17r 11) : ces verbes que Jausep prononce expriment les sentiments de l’homme fâché qui a été interrompu dans son travail par des importuns ou par des casse-pieds, en ce cas. Fac venir explique qu’ils sont allés le chercher ; le verbe lassar fait penser que Jausep a dû interrompre son travail pour aller dans ce luech, un lieu où l’on perd du temps ; enfin on lui a fait gran villania (une grande offense). Traduit dans le langage de tous les jours, Josef voudrait dire : j’étais en train de travailler, vous m’avez amené ici perdre du temps et vous en voulez encore.

Ausires (2v 15) Tous les miracles du manuscrit sont précédés d’un rappel à l’attention du publique ; les manières sont différentes, mais l’auteur a réussi dans son propos. C’est ici que l’on peut parler d’un vrai exemple de littérature théâtrale plus que d’imitation de textes classiques (ms. parisien fr. 25415 chez CARAVAGGI 1963 : 105.)

Cantaray (2v 16) : il faut bien remarquer la formation du futur « cantar + ay » au lieu de « canterai ». 

Clers honras (2v 19) : ce sont des étudiants ou des savant de théologie. 

Cre yeu (28r 15-16) : l’anacoluthe met en évidence aquel home (« cet homme »), ce qui est l’objet du verbe as mort (« tu as tué ») du vers suivant ; l’élément rhétorique, aujourd’hui peu usagé, est employé ici pour créer du suspense.

Cridar (29r 19) : c’est le cri du désespoir de l’élève qui ne sait plus quoi faire et va remuer dans la forge sans rien conclure.

Durara (2v 8) : on s’attendrait « durera ». Il faut remarquer la formation du futur avec le verbe avoir : « durar + a > durara » , qui fait remonter ce texte au moins au commencement du XIVe siècle.

Demandat (26v 19) : l’épanalepse de 26v 17-19 insiste sur l’Enfant Jésus pour la musicalité du vers qui doit suivre le chant. Au sujet de l’épanalepse l’Enfant Jhesus (22r 2.3) , à voir la note pour ribiera (21v 03).

Enmerderon (23r 16) : le réalisme du texte, si « parva licet componere magnis » , n’est pas différent que celui que l’on trouve en Dante, Enfer XVIII 112-114 « … une mare d’excréments … des privés…» et 131 : « sale servante … avec ses ongles souillées de merde ; » Boccaccio (Décameron II, 5) fait tomber Andreuccio da Perugia dans le « chiassetto», à savoir le privé de tout le groupe de maisons qui l’entourent ; pour rendre plus réel le récit, Boccaccio fait laver Andreuccio dans un puits, afin qu’il ne « putisse si fieramente» (« pour ne pas le faire puer très fort »). Ce réalisme littéraire du texte de L 103 ne semble point méprisable, si, comme il semble, pourrait rentrer dans le conteste de la littérature populaire qui était destinée aux bourgeois. Si le ton épique ne reste que dans la structure de l’exposition, à la mème manière que les topoi ou les épanalepses ou d’autres éléments rhétoriques, la fresque médiévale se compose de quatre images : l’Enfant modèle des oiseaux en argile (21v 09-10) ; il les fait voler à son plaisir (213 03-04) devant les juif qui le regardent et le blâment ; il fait entrer les oiseaux dans un fangas (22v 17 ; un « bourbier ») ; il les envoie sur les juifs pour les souiller (23r 05-06). 

Teuliera (13r 12 ; GODEFROY 1938 : s. v. « tieuliera » , la « tuilerie »), est le lieu on l’on fabrique des tuiles, mais on l’appellerait mieux « poterie » , comme l’on peut déduire des objets (13r 14 ; 15v 18) que l’Enfant Jésus va faire avec l’argile. La répétition de teuliera (15v 11.13) crée du suspense pour l’action de l’Enfant qui va détruire l’obra (15v17-16r 4). Naturellement le récit didactique, les images et la façon de les exposer ne dérivent que de la civilisation médiévale du Midi qui s’est éloignée des récits classiques ; l’action des oiseaux qui salissent les juifs rappelle les Harpies de Virgile, Énéide, III, 354-358 qui souillent ce que le troyens vont manger. Cependant on trouve que les oiseaux dans le bourbier ne paraissent plus petits que l’Enfant ; en outre l’image de l’esquert (22v 17), le tour que l’Enfant joue aux juifs, est statique et aussi grand que celle des oiseaux ; on pourrait dire la même chose au sujet des autres images, ce qui amène à la datation du manuscrit à peu près dans le premier quart du XIV siècle.

Gentil (13v 4) : l’adjectif est fréquent dans la littérature des « trobadours » (COM 2 avec toute la bibliographie à propos de ce sujet).

Josep per la man lo pres (15r 1) : la reprise crée du suspense pour ce qui va se passer : on ne dit pas ce que Jausep dit à l’Enfant Jésus , mais il est facile de comprendre par ce silence que l’on ira le gronder, comme il arrive pour tous les enfants de son âge ; c’est encore une fois la représentation littéraire de la vie de tous les jour dans le village où l’Enfant joue des tours identiques à ceux de ses compagnons, même s’il est Dieus et hons ensens (10v 13 ; « Dieu et homme au même temps »).

M’era yeu pensat (24r 1) Il est très intéressant l’emploi de l’auxiliaire être avec le réflexif « se penser » bâti par le vernaculaire. On dirait en français « j’avais pensé ».

Nos autres (6r 14) : la pause de la césure veut montrer le moment d’hésitation et de timidité de ces hommes devant le senescal. Encore on trouve dans les villes de Prato, Pistoia, Firenze en Italie l’expression vieillie, « noi altri » (nos autres) au lieu du simple « noi » (nous).

Ribiera (21v 2) L’épanalepse (ribiera 21v 2.3) et l’Enfant Jhesus (22r 2.3) ; deviennent un stylème de l’auteur ; demandat (26v 17-19) insiste sur l’Enfant Jésus pour la musicalité du vers qui doit suivre le chant.

Romangut (14r 19) La répétition du verbe (14r 19 et 14v 3) remarque l’attente de ce qui va se passer depuis que l’Enfant est resté à la teuliera, à savoir la poterie.

San (7r 9 ; « SĀNUm » , « sain » ) est l’opposé de « fou ». Cette connotation morale comprend la signification de « sage » et « respectueux des lois » de l’église et du droit ; c’est ainsi que l’homicide, dont on accuse l’Enfant (6r 16) est considéré de la folie et le hors-loi et aussi l’hérétique ne sont pas « sains ». L’attribution que le senescal (5v 17 ; « sénéchal » 

) donne à l’Enfant le rend libre de toute accusation morale et juridique. 

Sehors (28v 15) : le forgeron s’adresse au public pour chercher à rassurer ses doutes. On trouve cette méthode de récitation chez les classiques, en particulier Plaute.

Teuliera (15v 13) : la répétition de teuliera (15v 11.13) crée du suspense pour l’action de l’Enfant qui va détruire l’obra (15v17-16r 4). 

Tort (16r 4) Le teulier pense à une vengeance que ce soit pour le tort qu’il aurait fait à n’importe qui.

Toss els que l’enfant regardait (2r 16 ; « … tous ceux qui regardaient l’enfant … » ) : si le sujet du pluriel est accordé avec le verbe du singulier, ce n’est pas la faute du rédacteur, mais ce n’est pas un cas isolé (3r 16). 

Van, venir (19v 17) : le polyptote van, van, va (20r 17-19) et l’allittération de v (20r 17-19) sont deux exemples de rhétorique de ce texte, dont CARAVAGGI 1963 : 59 n’est point convaincu qu’il mérite de l’attention et le dénigre assez.

Vas-tu demandant (25r 11) : il faut remarquer la construction du verbe « aller » avec le participe prédicatif.

Références aux évangiles

Les vers 26v 02-03 sont la paraphrase de Mt 11, 05 : « les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont guéris, les sourds entendent, les morts ressuscitent» ; Mc 07, 37 : « Il a fait tout très bien : il a fait entendre les sourds et parler les muets». Le texte prend en considération des passages des évangiles pour mettre en évidence la grandeur des miracles de l’enfant plus que la signification théologique ou morale que l’on pourrait en déduire.

Ajustar (23v 12 ; « *adjustare » , « ajuster ») rappelle Mt 26, 03-04) : « … Les grands prêtres et les anciens du peuple se réunirent dans le palais du grand prêtre appelé Caïphe, et ils délibérèrent sur les moyens de s’emparer de Jésus par ruse et de le faire mourir. »

Aviset (22r 10) est parallèle à Gen. 01, 22 : « que les oiseaux multiplient sur la terre ; Gen. 01, 27 : Et Dieu créa l’homme à son image ; il le créa à l’image de Dieu : il les créa mâle et femelle. »

 Creyray (25v 4 ; « je croirai ») est pareil à Lc 05,05 : « Simon répondit : “Maître, toute la nuit nous avons peiné sans rien prendre ; mais, sur ta parole, je jetterai les filets”. »

Maistre (26v 14 ; « maître ») : Mt 23, 10 dit le contraire : « Et qu’on ne vous appelle pas non plus Maître, car vous n’avez qu’un Maître, le Christ. »

Devines (24r 18 ; « devinez ») ; l’impératif rappelle Luc 22,64 : « Devine qui t’a frappé.» 

Donar (18v 10 ; « donner ») : le vers rappelle Mt 26, 15 : « Que voulez-vous me donner, et je vous le livrerai ? » 

Enpero (25v 4) trouve son parallèle chez Luc 5, 5 :  « …mais, sur ta parole, je vais jeter les filets.»

Falses (23r 6) est trait de Mt 23, 13 : « Malheur à vous, scribes et Pharisiens hypocrites. »

Mesclet (21v 6 ; « il mêla » ) est parallèle à Gen. 02, 07 : « Alors le Seigneur Dieu modela l’homme avec la poussière tirée du sol» ; Jean 09,06 « Il fit de la boue avec sa salive. »

Le miracle « médiéval » de la résurrection d’Azarian (10r 4-16) veut mettre en évidence la puissance de l’Enfant : Lazare de Jean 11, 17 n’était mort que depuis quatre jours, Azarian depuis un mois (10r 14). 

Pausar (20v 14 ; « placer ») remarque la même action de Lc 05, 19 : « Et ne trouvant pas moyen de le faire entrer à cause de la foule, ils montèrent sur la terrasse et, à travers les tuiles, le descendirent avec la couchette, au milieu devant Jésus» ; on rappelle aussi Lc 07, 14 : « Et s’approchant, il toucha le cercueil, et les porteurs s’arrêtèrent ; et il dit : “Jeune homme, je te le dis, lève-toi!”. »

Queres (19r 16 ; « cherchez ») est le même verbe de Gv 01,38 : « Que cherchez-vous ?» 

Scondudament (23v 11 ; « *abscondita-mente » , en cachette) correspond à Mt 26, 03-04 : « Alors les grands prêtres et les anciens du peuple se réunirent dans le palais du grand prêtre appelé Caïphe, et ils délibérèrent sur les moyens de s’emparer de Jésus par ruse et de le faire mourir. »

Seguen (22v 2) : toute la période (car nos tot lo seguen | per so que fayre ly vessen (« car nous l’avons observé toujours pour ce que nous le voyons faire») est la paraphrase de Matthieu 12, 2.14 : « Voyant cela … les pharisiens se réunirent en conseil contre Jésus pour voir comment le faire périr» ; les pharisiens ont bien observé Jésus pour l’accuser en Jn 09, 15-16.29 : « Cet homme n’est pas envoyé de Dieu, puisqu’il n’observe pas le sabbat. D’autres disaient : “Comment un pécheur peut-il faire de tels prodiges ?” Et la division était entre eux. … Celui-ci nous ne savons point d’où il est. »

Cre yeu (28r 15) : l’anacoluthe met en évidence aquel home, ce qui est l’objet du verbe as mort (« tu as tué ») du vers suivant ; l’élément rhétorique est employé ici pour créer du suspense.

Vesent del pobol et de la gent (10r 5 : « Devant le peuple ») est la paraphrase de Mc 2, 2 : « Tant de monde s’y rassembla qu’il n’y avait plus de place, pas même devant la porte, et il leur annonçait la Parole ; Mc 2, 12 : « il sortit devant tout le monde, si bien que tous étaient stupéfaits et rendaient gloire à Dieu» ; Mc 09, 13 : « … ils virent une grande foule qui les entourait, et des scribes qui discutaient avec eux ; » Lc 05, 26 : Tous furent pris de stupeur et ils glorifiaient Dieu, et ils furent remplis de crainte, disant : ” Nous avons vu aujourd’hui des choses merveilleuses “. » 

Jésus et sa Mère 

Tout d’abord le parage / paragi (07v 9) de l’Enfant descend de David (07 18), comme on trouve dans plusieurs écritures : Mt 1,20 ; 9,27 ; 12,23 ; 15,22 ; 20,30.31 ; 21,9.15 ; Lc 1,69 ; 18,39 ; 20,41.42 ; Mc 10,47.48 ; Rom 1,4 ; 2 Tim 2,8.

Le reproche que Marie et Josef font à l’enfant d’être albreguat (15r 8-10 ; « rentré » ) très tard rappelle l’évangile de Luc 2, 48 : « Mon Enfant, pourquoi nous as-tu fait cela ? Voie, ton père et moi, nous te cherchions affligés. » 

L’adverbe humilmens (15r 6) rappelle l’évangile de Luc 1, 52 : « Il a renversé de leur trône les potentats, et il a élevé les humbles », ce qui est résumé dans l’humilité de la Vierge Marie.

Mayre (08 11 ; « Mère ») remonte à Mt 13, 54-55 : « D’où lui viennent cette science et ces miracles ? N’est-ce pas le fils du charpentier ? Sa mère ne s’appelle-t-elle pas Marie … ? »

Dousamens (15r 7 ; « doucement ») L’adverbe remarque la douceur de la Mère de Dieu des fresques médiévales : on a ici la scène à trois personnages : la Mère qui demande, le Fils qui va répondre et Jausep qui doit accepter ce qui va se passer, car il ne semble pas responsable de la vie de l’Enfant à la même mesure que Marie, comme on peut déduire de 07v 16-08v 16, où il doit demander la permission à la Mère de Jésus. Ce sont des images médiévales qui confèrent un aspect réaliste au texte, même si le sujet concerne encore la religion ; il faut remarquer encore que l’on va bien s’éloigner des poèmes féodaux, caractérisés par le ton épique.

Jésus au temple de Jérusalem

Les questions (3r 7-15) que l’enfant pose aux savants de son école rappellent Lc 2,46, où Jésus est assis au milieu des docteurs, les écoutant et les interrogeant. Evidemment pour créer encore plus l’intérêt du spectateur , le texte se fondant sur l’évangile apocryphe de Thomas A 6, 1-4 (MORALDI 1971 : 255-256), pose les questions de 09v 1 , qui ne peuvent pas avoir de réponse ; elles sont présentées par l’acteur au peuple simple qui écoute comme s’il s’agissait d’une discussion théologique qui reste sans solution , mettant en difficulté tous les savants de son école. l’Enfant Jesus est sabent (03v 6 ; « savant » ), selon le passage de Luc 2, 52 : « Et Jésus progressait en sagesse, en taille et en grâce, auprès de Dieu et des hommes ». 

Les juifs

Un bon juzieu (05r 6) : Josef d’Arimathie est un « bon juif » (Mt 27,57). Le savi juzieu (6r 12) pourrait se fonder sur le personnage de Gamaliel (Actes 5,34), qui conseille les juifs de ne se mettre contre les apôtres qui prêchaient.

Secretament (05r 8) : l’adverbe rappelle l’épisode de Nicodème qui va chez Jésus de nuit (Jean 3, 1) 

Malvay (05 13 ; « mauvais ») est référé à Mt 23, 12 et suivants : « Malheur à vous, scribes et Pharisiens hypocrites… » , mais il faut bien penser que cet attribut dérive de la mentalité du temps qui considérait les juifs et les hérétiques comme mauvais au même niveau. À l’égard de malvays jusieu (18v 8) il est à rappeler Mt 26, 59 pour les fausses accusations contre Jésus : « Les grands prêtres et tout le Sanhédrin cherchaient un faux témoignage contre Jésus afin de le faire mourir ». On peut y ajouter falses (23r 6 ; « faux »), qui rappelle Jn 11, 49-50 : « L’un d’eux, Caïphe, qui était grand prêtre cette année-là, leur dit : “Vous n’y entendez rien ; vous ne réfléchissez pas qu’il est de votre intérêt qu’un seul homme meure pour le peuple, et que toute la nation ne périsse pas. »

Donar (18v 10 ; « donner ») : le vers rappelle Mt 26, 15 : « Que voulez-vous me donner, et je vous le livrerai ? » 

Queres (19r 16) est parallèle à Jn 01,38 : « Que cherchez-vous ?» 

Ajustar (23v 12 ; < « *adiustare » ; « s’accorder ») est la paraphrase de Mt 26, 03-04 : « … Les grands prêtres et les anciens du peuple se réunirent dans le palais du grand prêtre appelé Caïphe, et ils délibérèrent sur les moyens de s’emparer de Jésus par ruse et de le faire mourir. »

Dechat (24r 8 ; < « DĬCTĀRE » (REW 2630 ; « dire ». ) : en on trouve le parallèle en Jn 19, 07 : « Les Juifs lui répondirent : “Nous avons une loi, et d’après notre loi, il doit mourir ; Mt 26, 65 : Alors le grand prêtre déchira ses vêtements, en disant : Il a blasphémé! Qu’avons-nous encore besoin de témoins ? Voici que vous venez d’entendre la blasphème”. » 

Jésus et l’Encantament

Encantament (20r 9 ; « enchantement ») trouve son fondement chez Mt 12, 24 : « Il ne chasse les démons que par Béelzéboul, chef des démons. »

Diablessa (23v 2 ; « *diabolitia ») : c’est un terme tiré de Mt 12, 24 : « Mais les Pharisiens, entendant cela, dirent : ” Il ne chasse les démons que par Béelzéboul, chef des démons”. » L’accusation de sorcellerie était à l’époque du manuscrit très fréquent. Plus que l’interêt de théologie, le texte a l’intention de parler de la vie de tous les jours, avec les enseignements de Jésus

Diabol (28r 19 ; « diable ») : il trouve le parallèle chez Lc 11,15-26 : « C’est par Béelzéboul, le chef des démons, qu’il chasse les démons » et exprime assez bien l’idée de sorcellerie que les miracles de l’Enfant Jésus pourraient faire naître.

Laysas my fayre (28v 3 ; « laissez-moi faire ») : le contexte est tiré de Mc 09, 21 : « Et souvent il l’a jeté dans le feu et dans l’eau pour le faire périr » ; c’est ainsi que le forgeron pense que l’enfant aille faire une sorcellerie. 

Moriron (24v 9) : c’est le sentiment que les juifs manifestent en ouvrant la porte de la pièce, où ils avaient renfermé leurs gosses, et la douleur de les voir changés en porcs et truies, qui sont des animaux impurs pour les juifs. La signification médiévale du porc est elle aussi négative ; c’est une allusion à Mt 08, 31 où les démons demandent à Jésus de passer dans un troupeau de porcs : « Si tu nous chasses, envoie-nous dans ce troupeau de porcs. » On va penser aussi à la magicienne Circé (Odyssée X, 187-405), qui transforme les compagnon d’Ulysse en porcs.

Les « topoi »

Digas (4v 12 ; 6r 9.10 ; 9v 3) ; 18v 10) ; 20v 19 ; 25r 8 ; 28v 6 ; « disiez » du subjonctif) : on ne tutoie jamais l’Enfant Jésus, ni par Notre-Dame ni par Josef ni par les autres.

 Mot ben dises (6r 2 ; 12r 8 ; 24r 6) et dises (3 v 12 ; 7r 2 ; 12v 1 ; 20v 2 ; 24r 13) : « tu dis très bien » ; « tu dis ». 

L’enfant que fes (2v 16) et contaray vos l’enfant que fes (13r 8) : « Que fit-il, l’enfant ? » et « Je vais vous conter ce que l’enfant fit. » 

Juzieus menescresent (2v 12) : « Les juifs mécréants ». 

Un bel matin si va levar (13r 9) ; el se levet(2v 17) : « Un beau matin il se lève » ; « Un beau matin il se leva » ce sont des topos assez diffus : dans ces lignes l’Enfant Jésus se lève avec la pensée de ce qu’il veut faire (13r 09 ; 14v 12 ; 15r 12 ; 20r 18 ; 26v 10) ; l’expression est populaire.

Si Dieu m’ajut : Ce topos est présent en 4r 14, 4v 03, 6v 02, 12r 16, 26r 03, 27v 06.10. Il est identique chez CARAVAGGI 1963 : 105 au verse 491 du mr Paris, B.N. fr. P 25415. Ce qui est très différent entre les deux manuscrits, c’est le registre de L 103, avec ses formes rhétoriques et surtout ses topoi qui en font un exemple littéraire. Cette caractéristique de nouveauté est absente en P 25415 ; même si parfois la musicalité des vers de l’histoire de l’Enfant Jésus de L 103 se perd devant une assonance ou une rime manquée, toutefois cette littérature théâtrale n’est pas méprisable.

Vesent del pobol et de la gent : « le peuple et la foule le regardant »: c’est un topos fréquent (4v 19.10r 6.18.13r 4) qui a été pris des évangiles : « Devant le peuple » : Mc 2, 1-2 : « Il s’y rassembla tant de gens qu’il n’y avait plus de place, même aux abords de la porte ; et il leur donnait l’enseignement ; Mc 2, 12 : « il sortit devant tout le monde, si bien que tous étaient stupéfaits et rendaient gloire à Dieu ; Mc 09, 13 : Etant venus vers les disciples, ils virent une foule nombreuse autour d’eux, et des scribes qui discutaient avec eux ; Lc 05, 26 : Tous furent pris de stupeur et ils glorifiaient Dieu, et ils furent remplis de crainte, disant : -Nous avons vu aujourd’hui des choses merveilleuses. » 

Viras (11r 11 ; « < VĬDĒRE , voir »), c’est la forme du futur 2e personne singulier (COM2 s. v. « viras » ; 72 occurrences). Il est très interessant de pouvoir observer le futur épistémique inférentiel (POPESCU 2015 : 7-10 pour le français) en occitan. La définition de ce type de futur est donné par POPESCU 2015 : 5 : c’est « une perspective cognitive subjective résultant d’une inférence impliquant la confrontation de plusieurs prémisses ; » en ce cas le verbes au passé simple et viras a toute l’aire d’être le calque morphologique du subjonctif potentiel latin, notamment par l’emploi de la 2e personne singulier (« *VĬDĒRES »).

Étymologies 

Ac (15v 17 ; 24v 18) < HĂBŬIT et agron (3r 13) < HĂBŬĒRUNT : la présence des consonnes gutturales est déterminée par la germination d’un « i̯ » devant la labiale « B » , à savoir «-bi̯- » provenant de la diphtongaison irrégulière « Ē > ie > i̯ ». Le groupe «-bi̯- » dévient « [bi̯/ vi̯] » , qui est prononcé « [j] » à Naples (« aggio »), ou « [-bi̯/ vi̯-] > [i] » du français « avio > aio > ai » > et de l’italien « havio > haio > hao > ho » par perte de la voyelle « i » intervocalique ; en occitan et en catalan le groupe « [-bi̯/ vi̯-] » devient labio-vélaire : « [-bi̯/ vi̯-] > « [-(g)wi̯-] > [-hwi̯-] > [-χ-] » , qui devient occlusive vélaire « [k] » en occitan ac ; la démonstration la plus évidente du passage par la labio-vélaire « [-(g)wi̯-] » sont les verbes agues (16r 5) ; aguessan (24r 3), où clairement le groupe « [-(g)wi̯-] > devient «-gue- » ;  «  [ -(g)wi̯-] » peut aussi devenir aspiré : de « HĂBŬĒRUNT > a[-χ-](e)run(t) » on a « agron » par la perte de «  e » et de « t ». On peut supposer que la prononciation aspirée des gutturales espagnoles « j » et « g » tire son origine de «  [-χ-] » dérivant de « [ i̯ ] ». Aysar(7v 18) < « Aisare < aise < aisance » ; ĂDĬĂCĔNTĬA perd le « d  » intervocalique de la préposition, car il ne se trouve pas devant le hiatus ; « Ă- » s’évanouit ; «-CĔ- » prend le son « [ctsi̯] > [csi̯]  » / « [sci̯] > [si̯] » , où « [∫] < [tsi̯] » peut devenir « [ssi̯] > ss » , comme en lassar (17v 10) « < LĂXĀRE » ou « [si̯] > s » comme en plas (6v 14) < PLĂCET (à voir aussi pregueron de 4r 18). Alre (06v 7) ; en *ălĭamrēm (« d’autre ») le ĭ disparaît, en tant que bref, avec la désinence latine «-am  » ; on a par conséquent alre identique en catalan. Annes (05r 10 ; « allez » ; annes (≠ de annes de (04v 7 avec la signification de « harnais ») ; ) ; ‘nen (=annen ; 8r 16 ; ) < *ambĭtare » (REW 409) où l’on trouve la disparition de « ĭ » , la simplification du groupe «-mbt- >-mt- >-nd- » , présent en portugais « andar » et en italien « andare ». Le groupe «-nd- » à son tour devient «-nn- » en occitan, en catalan et chez les dialectes de l’Italie méridionale ,notamment chez le napolitain (ROHLFS 253). Annes(04v 7) < *Herrnest (REW 4119), « harnois, i. e. (à leurs) affaires ». « Harnes » > annes change par assimilation de « r > n ». Anteulegie (03r 2) est la « théologie  » ; le terme ne dérive pas de ĂNTHŎLŎGĬCA (GAFFIOT 1934 : s. v. « ănthŏlŏgĭca »), l’« anthologie ». On rappelle que « la doctrine sacrée … occupe le sommet du savoir » (Summa, I, I, 09) ; pourtant on doit considérer la syllabe « an » en tant qu’épenthèse métrique. Asolada (17r 3) ; *Ădsŏlāre (DU CANGE 1883-1887 : adsolare) a la signification de « laisser essuyer au soleil », l’opération que l’on fait avant de mettre au four les objet d’argile. 

Ausires (2v 15 ; < AUDĪRE). Tous les miracles du manuscrit sont précédés d’un rappel à l’attention du public par de différentes manières. C’est ici que l’on peut parler d’un vrai exemple de littérature théâtrale plus que d’imitation de textes classiques (à voir au sujet du ms. parisien fr. 25415 CARAVAGGI 1963 : 105). Ausitz (23r 9) ; ausitz de « ausir » < AUDĪRE ; le groupe «-DĪ- » produit la germination de « i̯ » et devient «  di̯ī » en hiatus avec le son « [tʃi̯] > [ʃi̯] > [s] > s » par la prévalence de la consonne sibilante. Il faut aussi rappeler Lc 1, 32 : « Il sera grand et sera appelé fils du Très-Haut ; le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père. » Évidemment les juifs pensent que l’on n’écoutera de l’Enfant que de baratas et escayrnichz (de tromperies et de moqueries comme celles des baratieres de 04r 03) , qui changent la vérité aussi pour en tirer de l’argent en disant que l’Enfant aurait brisé les objets de la teuleria. Autragi (19r 19) «  *Ŭltrātĭcum ». Ax (12v 13 ; « < *Accu’SĪC » ; « ainsi »). Bayleron (08v 14) ; de BĂĬŬLĀRE perd le « Ŭ > « ø » et devient « bailer » ; le futur est bayleron, selon le texte. Brias (18v 7) : la racine celte ou gauloise « *brivo » demande ici le sens de vengeance juridique, ce qui est la signification du moderne « s’esbrivar ». Chalons (31r 2): le terme dérive de « CĂTĔLĂŬNOs (Gaffiot s. v. cătălăŭni et cătĕlăŭni) > *catelaunos > castelaunos  » , par ressemblance avec « *castellanum  » < « CASTELLUm » ; il devient « castelaunos > chastelons > châtelons, châlons », apparenté ensuite avec Châlon-sur-Marne où l’on produisait ces étoffes . Caytieu (14v 16) ; l’exclamation dérive du latin « CĂPTĪVU(m)-ĔGŎ » (REW 1663). Caluc (28r 4) ; CĀLĪGǏNEm / CĀLŪGǏNEm (REW 1516. 2), AĔRŪGĬNEm (REW 243) et AĔRĪGĬNEm (REW 2432) présentent l’alternance « Ī / Ū » que l’on trouve à Milan, en Abruzzes, en espagnol et en portugais aussi (REW 1516. 1), ce qui renvoie à la probable variation du latin parlé au I siècle. Comiserastio (1r 10) < COMMĬSĔRĀTĬŌNEm ; le groupe «-Ti̯- » en hiatus devient en ce cas « [t∫i] > [∫ti] >-sti- » par métathèse ; il change régulièrement « [tƷ] > [Ʒ] >-tio > » ou «-cio- » comme en espagnol ou en catalan ; en italien on trouve «-zio- » , mais on a aussi « OSTi̯Um > os[ti̯]u > us-cio > uscio (la porte) » , ce qui est évident aussi en Connesces (25r 14) ; la forme «-esce « [es∫] » au lieu de «-aiste > este » dérive de «-aiste « [aisti̯] » > « [aisti̯] » > « [escti̯] » , qui devient «-esce » en L 103 ou ailleurs «-aisse » selon la prévalence que l’on donne à la consonne qui précède ∫ (à voir la note à ysausat (03v 08). Crese (28r 19) ; (30v 1) et cresi (10v 10) ; les deux verbes se fondent sur « CRĒDĔRE > CRĒDO » , qui introduit un « i̯ » entre «-DO » , qui devient « di̯o [dsi̯o] » , qui change en « [s∫i̯o] > [s∫i̯o] > [si] > si » (AAA 2008 : 47-52) par prévalence de la consonne sibilante avant « [∫] » , à savoir « [s∫i̯] » et par la chute de la voyelle finale « e » , qui alterne parfois à « i < [s∫ie] » de crese (à voir aussi menescresens (2v 12) et crese (23v 05 ; 25v 13 ; 28r 19 ; 30v 01 ; 31v 05). Deg (06v 4) ; les mots sont disposés en position inverse à 6r 18. En « dec » catalan et «  dego » dolomitique (AAA 2008 : 51) < DĒBĔO le groupe « bi < Bi̯Ĕ< BĔ » perd l’élément labial et maintient le « i̯ » , qui prend la caractéristique gutturale ; DĒBĔO devient ainsi « debi̯o > de[χ]o > dego » ladin et «  dech » catalan, selon les règles présentées à propos de pregueron (4r 18). Deycendes (20r 3.4 ; « < DĔSCĔNDĔRE ; descendez ») présente l’« y » qui n’est pas la faute du rédacteur ; il est le résultat de «-SCĔ- > [-SCi̯Ĕ-] > [-S∫Ci̯Ĕ-] » qui devient [-i̯S∫CĔ-] » par métathèse, et enfin «-yce » par simplification des sibilantes. L’épanalepse insiste sur l’invitation que l’on fait à l’Enfant qui devrait descendre. Di (« <DĒ » 13r 19.20v 17) ; la proposition est employée au lieu de « de » ; Digas (06r 9) ; *Dīci̯ātis ; c’est un autre exemple de change de « i̯ > g [g] » , en ce cas en hiatus, en tant que phénomène roman ; disses (19r 11) : DĪCĬTIS devient « diites » par la vocalisation de « c » et le change roman « I > e ». « Diites » produit un « i̯ » entre les deux « i » et devient « di[t∫i̯]ites > di∫ites > di∫tes » et présente le même son que « [t∫i̯e] » après la métathèse ; on aura donc « [∫ti̯e] >-se- / -ze- » ou encore «-sze- >-sse- » comme il arrive pour disses. Drap[e]rs (30v 15 ) : évidemment on voulait écrire draps, comme en 31r 9. Pour draps en entend des étoffes en général. DOM entend pour « drapier  » le moulin à foulon, qui est ici hors-sujet. En (6r 13 <DŎMĬNE) : le terme a la signification de « Monsieur » , en occitan et en catalan. Endoctrinaray (8r 7) < *indŏctrīnāre < DŎCTRĪNA ; il est à remarquer le futur séparable « *indŏctrīnāre+ai » reconnaissable par le maintien de la voyelle thématique «-a- » au lieu de «-a- >-e- ». 

 Enguanayre (22v 5) ; à voir la note pour baratieres de 17r 08-09 et 4r, 03). Enguanayre < *ingannāre (REW 4416) présente le passage de la gutturale à la labio-vélaire sonore gu. Escayrnichz (23r 10 ; « < escarnidos < *excarnitŏre(m) ». Les trois mots son disposés en climax ascendant : la tromperie, la fraude, le dépouillement. Esquert (22v 17) ; On s’attendrait « esquern < mha Schërn » , (< « skĭrnjan » REW 7999 ; Lexer 2000 s.v. « Schërn » , ou « (jouer un) tour » ; on peut pas considérer le « t » final comme une faute, puisque en catalan on a « esquerd / esquert » dont la signification de « ligne, incision » , ou « maigre » , ne s’accorde pas avec ce texte. Il est difficile de le faire remonter au lombard « skerzōn » (REW 7991), même si le roman « z » pouvait être erronément considéré dérivant de « tz » , dont il ne serait resté que « t » , mais le raisonnement est plus ingénieux que solide. Puisque COM2 présente deux occurrences de « esquers » , il faudrait bien considérer la dérivation «-tz > t ». Estalvet (17v 7 ; 30v 6) : RAYNOUARD 1844 : s. v. « estalvar » , « arriver, se trouver » ; le verbe « STĂBŬLĀRE (GAFFIOT 1934 : s. v. STĂBŬLO ou dep. STĂBŬLOR) » prend le « e » épithétique et devient « estăbŭlār » ; le change roman « b > v » amène à « estavlar » et ensuite à estalvar pour ne pas prononcer au > o. Estracat (29v 1) : « *Ĕxtrăvăgātum (< *Ĕxtrăvăgāre  » ; REW 3100 ; « desordonné ») ; le verbe occitan perd « ă  » bref et « v  » intervocalique ; « g  » perd sa sonorisation et devient « c  » avec le résultat « ĕxtrăvăgātum  » > estracat par chute de «-Um  » final et par change naturel « x > s  ». Eycernydamens (30v 17) ; « < *Excernitamente  » est un adverbe dérivant de « cernida » (Niermeyer 1984 : s. v. « Cernuda < CĔRNĔRE  » , la troupe de soldats qui montent la garde). Facg (31r 11) : on explique « g  » par la vocalisation de «-ct >-ci̯-  » de « FĂCTUm  » : on a «-[c∫i̯]- >-[jcχ]-   » écrit ici «-cg  » par prévalence de l’élément guttural au lieu de l’aspiré « h  » , de « fach  » occitan et catalan (à voir pregueron de 04r 18). Forga (29r 12) . Le son palatalisé de « g  » est le même que forjas (28r 06), mais c’est la démonstration du change du son «-[tsi̯]- » de « i » de « faurii̯a < făbrĭca » , où « ĭ  » se trouve en hiatus après la chute de « c  » intervocalique : «  faurii̯a > forii̯a  » pour la concrétion de « au > o  » devient « for[tsi]a  > forjas » par la chute de « i  » faible. Fuc (28r 1) : au sujet du change de la diphtongue « uo > u » de « FŎCUm » , il s’agit de la monophtongaison de « uo » , où l’accent se pose sur « u » (« [’u-ọ] » ; AAA 2002 : 192-194 et AAA 2004 : 72) ; à propos de fuc de 31r 14 : BIADENE 1899 : 185 parle du dialecte gascon du manuscrit ; Garar (26v 5) : le francique « warōn » (REW 9508) ha la signification de « regarder avec attention » ; les mus , les « muets » de 26v 05, ne peuvent pas suivre le discours d’autrui par le paradoxe qu’ils sont souvent sourds aussi (à voir Surdité-Identité-Langage, de nouvelles pistes pour l’enfant sourd. A.S.E.I. Toulouse 1990). L’auteur a voulu souligner le regard du muet qui se perd dans le vide sans suivre qui parle avec lui. Hanc (20r 18) ŬMQUAM (jamais) devient « onqw » par la perte de «-Am » final, par les change naturels « Ŭ > o » et « n > m » ; le groupe «-qu- » change « qw > [χ] » avec le résultat «-anc- » avec un « h » graphique pour éviter le hiatus ; la perte de l’aspiration produit « [χ] > c ». Le passage «-qu > c » est plus simple, mais probablement il doit être compris parmi les autres cas qui dérivent de lalabio-vélaire, comme «-dec- < de[χ] » < DĒBĔO et notamment toquiey (« tok » ; REW 8767) où il est évident le passage par lalabio-vélaire. Hobragi (16r 3) < « *opĕrātĭcum » ; « *Jŏcātōnem < JŎCUM  » présente le suffixe latin «-ōnem  » qui n’indique pas le diminutif mais l’action, comme par exemple « *companionem, celui qui mange du même pain  » . Juatons (11r 9) sont les compagnons de jeu de l’Enfant; « *Jŏcātōnem  » perd le « c  » intervocalique et change la voyelle initiale atonique « ŏ > u  » selon un procès roman présent aussi en catalan (SENTÈNCIA 1374 : 17) et en italien (ROHLFS 1967-1969 : I, § 131). Linhage / linhagi (07v 9.16) « < *līnĕātĭcum » ; logragi (17v 5) < « *lucrātĭcum » : présentent le suffixe «-ĀTĬCU(m) » qui devient « [-atiiu] > [-ati̯iu] » , où «-tĭ- » n’est pas en en hiatus ; la vocalisation « c > i » produit le groupe «-tĭium >-tĭie » , où l’on introduit « i̯ » entre «-tĭ- » et « i » présent en hiatus après « c > i » , et ensuite « [-at∫i̯u] » ; par la prévalence du son « [j] » dans le groupe « [-at∫i̯u] » , on a « [-aji̯u] > [-ajǝ] » , comme il se passe usuellement en français, ou «  [-aji̯u] > [-aggio] » en italien (Naples) ; «-tĭi̯ie- > [tsci̯ie] » devient «-tgie- » par prévalence de l’élément guttural dans le groupe interdental ; le « e » final s’évanouit avec le résultat «-tgi- >-gi- » , que l’on trouve aussi en catalan « llinatge » , où l’on a «-tgie >-tge » par chute de « i » ; la voyelle finale « i < e » du singulier, comme s’il s’agissait d’un datif de la troisième déclinaison latine, est encore présente dans le langage de personnes plutôt âgées de Pistoia, Prato, Firenze en Italie ; Rohlfs §1113 trouve la ressemblance entre la désinence française «-er » (p. e. « chevalier, boucher ») avec la terminaison «-eri » des noms en «-iere >-eri » de la Sicile (p. e. « cammareri » , en sicilien « serveur, garçon de chambre / d’étage, domestique  » ; il faut donc supposer la terminaison en « i » commune à plusieurs parlées du domaine roman. Lanssat (31r 17) « < *lancĕāre » ; la présence de «-ss » ce n’est pas la faute du rédacteur : le groupe « [-cĕ- ]  » devient « [-ci̯ĕā-] > [c∫i̯ea] » , qui prend la prononciation, en ce cas, redoublant la sibilante : « [c∫i̯ea] > [s∫i̯ea] > [-ssa-] » ; en français on a « lancer » , par la simplification du son « [-c∫-] > [-ss/ s/ c-] ». Latin (21v 17) signifie ici langue connue. Dante, Paradiso III, 63 : « … sì che raffigurar m’è più latino…» (Je le comprends bien comme en latin), qui était la langue des savants. Dante, Paradis XVII 34 : « con preciso latin rispuose » (il répondit en clair latin …). Lison (4v 10) ; apparemment on attribuerait la faute au rédacteur, qui aurait dû écrire leson (9r 13 ; LĒCTĬŌNEm) ; le groupe « [-cĕ- ]  » devient « [-CTĬ-] > [c∫i̯] > [s∫i̯] >-ss- > s » ; en catalan on a « [c∫i̯] > [s∫i̯] > ç » de « lliçó » , mais en espagnol on trouve « lección » , où le groupe « [c∫i̯] devient «-cci- » ; ce même groupe en italien devient « z » de « lezione » ; il faut bien encore parler de la ressemblance entre lison (4v 10) et le catalan « lliçó » , où le « i » en tous les deux cas dérive du Ē par une diphtongaison impropre, étant donné que ce ne serait que le Ĕ qui devient « ie » ; en français on a le parfait du verbe « FĒCI > fieci > fieii » par vocalisation de « c » et enfin « fii » > « fi(s) » par la perte de « e » ; la démonstration la plus évidente ce sont les mots dérivants de CAEPŬLLA > « *cēpulla » , en français « ciboule » , en italien « cipolla » et en allemand l’emprunt « Zwiebel » ; encore on a en allemand les emprunts de « RĒGŬLA > Riegel » (« étalon, règle, ligne droite ») et « Regel » (« règle, cycle de femme » ), qui remarquent la différente diphtongaison impropre de « Ē > ie > i ». Lur (03v 9) ; ĬLLŌRUm présente apocope de « il- » ; le change « Ō > u » dérive de la monophtongaison de la diphtongaison irrégulière « Ō > uo [’uọ] » avec la réduction au premier élément de la diphtongue «-u- » ; LŌR devient donc « luor <[l’uọr] > lur » (AAA 2004 72). Menet (5r 19) : la même signification de « emmener » de ce verbe, outre que naturellement en français, est encore diffuse dans les provinces de Prato, Pistoia, Firenze (Toscana, Italie) pour dire « porter quelqu’un avec soi ». Dans d’autres régions italiennes ce verbe a la signification de « taper quelqu’un » : « mi meni con te ? » À Montale, Pistoia : « tu m’emmènes avec toi ? ». À Naples la proposition : « veux-tu me taper (avec toi) ? » n’aurait pas de sense. Marit quant yeu, depuis captieux (14r 16) ; caytius (11v 3) « < CĂPTĪVU(m)-ĔGŎ » (REW 1663) ; la présence du « n » , cependant, amène à considérer quant en tant qu’adverbe avec la signification de l’occitan « com ». Moher (31r 7) « < MŬLĬĔREm  » change «-Ŭ- >-o-  » et perd naturellement la désinence latine «-Em. «-LĬĔ-  » pour le hiatus devient «-li̯e  » , qui suit la règle de la semi-voyelle « i̯  » : «-LĬĔ- [li̯e] »   devient « [l∫i̯e] > [lχe] »  , comme il se passe pour tenher (30v 15 ; à voir la note au sujet de pregueron de 04r 18) ; le résultat est « [lχe] > [χe] »   écrit «-he  » de moher. Mort (5r 5) est ici un verbe intransitif. La même signification du verbe employé transitivement est encore diffuse dans les provinces de Prato, Pistoia, Firenze (Toscana, Italie) : « ha morto un cinghiale » : « il a tué un sanglier ». Muda La signification de l’adjectif muda est « démente, pour l’aphasie et la confusion » , qui sont typiques des vieillards âgés. Nafra (7r 3 ; a.m.a, « narwa » REW 5830, « blessure »). Nonpnar (27r 5.13) <NŌMĬNĀRE, prend l’infixe « p » à la même manière de « CĂMĔRA > chambre ». Nuech (13v 11 ; 15r 9 ; « nuit » ). O (15r 10, < ʜᴏ̆ᴄ, accusatif). Obries (13r 13 ; < ŎPĔRĂRĬUm (REW 6072) ; on trouve la même chute du « r » dans le suivant pechies < *pĭcārĭum (REW 1081 a 2), « tasses et verres en terre cuite ». L’image médiévale sans la perspective montre beaucoup d’ouvriers au travail, comme on trouverait dans les fresques de la période. Parage (07v 9) / paragi (07r 17) ; PĂRE(m) ; le terme indique la noble famille du maître. La terminaison en « i » , au lieu de « e » des noms qui dérivent de la 3a déclinaison latine, est présente dans un texte de Lucques (1348 ; www. filologiaromanza.it Testamento di Done Alluminati 03/ 11/ 2022, 745, 24), mais la terminaison « i » est encore présente dans le patois des plus âgés dans le domaine de Pistoia et Prato en Toscana. Pelejar (22r 12) dérive de « *Pelegia > *pelejare < PĬLUM  » (REW 6508) ; à voir aussi pour les deux termes DU CANGE 1883-1887 : s. v. « pelegia » et « pelejare  ». La signification du verbe est ici « chanter ensemble ». Permiers (16v 14) présente la métathèse de « r » de « premiers ». Plalar (14v 15 ; « *Plānŭlāre < PLĀNŬLĀ » ; GAFFIOT 1934 : PLĀNŬLĀ) par la perte de Ŭ devient « planlare » ; après l’assimilation «-nl- > ll » on a « plallar » et enfin « plalar » par dégémination « ll > l ». On comprend bien la signification de « raboter » si l’on pense que Jausep est menuisier ; le verbe veut remarquer le fait que Jausep se préoccupait et ne pouvait pas s’apaiser, ou mieux ne pouvait pas raboter ses préoccupation pour l’Enfant Jésus qu’il ne trouvait nulle part. Plas et teules et pichiers (17r 4) : on a entendu teulerie par « poterie », par le fait que l’on trouve plas et pichiers ; c’est ici la première fois que l’on cite des teulas, (« tuiles »), dont on a la dénomination teuleria (« tuilerie »). Portares (06v 12) demontre la formation du futur roman avec le présent du verbe avoir, en ce cas PORTĀRE+HĂBĒTIS, où le e de l’infinitif s’évanouit et HĂBĒTIS devient « [-ẹtz-] >-es » , tandis que «-bē- » disparaît, le « ă » et le « u < b » de « HĂB- » s’évanouissent en tant que voyelles considérées brèves ; de portares, donc il faut tenir compte du « a » de la désinence de l’infinitif, qui fait remonter le texte au moins à la première moitié di XIVe siècle.

Seles (15r 10) est le subjonctif 2e pers. de CĒLĀRE (« celer ») ; « C- >s- » n’est pas une variation de graphie par le rédacteur, mais la prononciation « [s] » de « CĒ- > [∫i̯e] » par diphtongaison impropre de « Ē » , qui produit un « i̯ » en hiatus. 

Tous les trois verbes pregueron (4r 18), volgues (05v 02 « < vŏlŭisses ») et venguevon (5v 04 « < VĔNĬEBANT » introduisent le « i̯ » dans leur groupe «-gue- » : « PRĔCĂVĒRUNT » devient « preiuerun > preii̯uerun > preii̯ueron » par change de « c » intervocalique en « i » , qui introduit à son tour un autre « i̯ » , considéré «  ĭ » , qui s’évanouit. Devant les autres cas où est présent « i̯ » , il est difficile d’accepter pregueron (4r 18) < « precuerunt < PRĔCUĒRUNT » par la simple sonorisation « c > g ». En outre l’on ne peut pas accepter que «  preg-erunt » prenne un « u » euphonique pour le maintien du son de la consonne sourde « g ». Si l’on veut considérer les groupes «-gu- » de pregueron et de volgues comme des labio-vélaires, il est difficile d’expliquer le même phénomène pour venguevon, où il est évident la présence de « i̯ » dans la syllabe «-nĭ- >-ni̯i- >-ni̯e- » , qui devient en italien «-gn [ɲ]- » et en occitan et catalan «-ngu- » par la consonantisation « i̯ > g ». Le groupe roman «-NŪ- » par l’introduction de « i̯ » devient «-ngi̯u [n∫] » , où l’élément guttural prévale, devenant en occitan et catalan « [n∫] <-ngi̯u- » ; le son guttural devient aspiré «-[nχu]-» et ensuite « g [ngu] » , selon la règle de la prévalence de la consonne qui précède le son « [∫] » (AAA 2008 : 47-52 et en SENTÈNCIA 1374 : 32, où au sujet de « convenguts < *cŏnvĕni̯ūtu » et « vihent < VĬGĔNTE ») il est intéressant d’observer l’introduction de « i̯ » en «-GĔ- >-gi̯e [j∫e]- » avec la prévalence de l’élément guttural qui devient aspiré «-[χe]- » et s’évanouit sans trace par la graphie «-he- » ; on pourrait supposer que la prononciation espagnole de « j [χ] » trouve son origine dans la présence de « i̯ » (AAA 2008 : 47-52 pour l’évolution du son roman « [∫] » de l’italien dolomitique, mais aussi du le catalan et de l’occitan).

Prengas (25r 15) ; « PRĔHĔNDĔRE > *Prĕndātis » devient « prennatis » par assimilation «-nd > nn- » avec le son « [-nni̯a-] » qui peut devenir « [-ɲa-] > nha » ou « [-nχ-] » , où l’aspiration devient labio-vélaire « qu > qw > gw » qui change en «-gu- » ou «-g- » comme en prengas. Prou (18v 13) ; le mot est catalan ; sa racine est PRŌDE (REW 6766 ; « profit, recompense » ). Puscan (25r 17) ; la voyelle brèv de « *pŏ- » du subjonctif de la I p. pl. de *pŏtēre (REW 6682, « pouvoir ») « *pŏtĕāmus » par diphtongaison romane devient «-ùo-> u » par l’évanouissement de la voyelle «-o-» entendue en tant que brève à la même manière que fuc (28r 6 < FŎCUm) ; le «-ĕ- » de «-tĕā- » devient « i̯ » en hiatus, dont on a « [-ti̯a-] » > « [-t∫i̯a-] » , qui donnerait régulièrement «-ss- » de « puissions » ; en « [-ti̯a-] » > « [-t∫i̯a-] > [-∫-ja-]> [ ∫-χa-] » prévaut l’élément guttural qui devient aspiré «-[sχa]- » et enfin guttural puscan ; si l’on veut prononcer « [pus-can] » , la consonne palatale est déterminé de la même manière par « [-ti̯a-] » > « [-t∫i̯a-] > [-∫tja-] > [-s-ca-] » ; ce dernier passage pourrait avoir déterminé aussi la prononciation « [-s-∫a-] » exprimé par la graphie-sc-. De toute manière on observe la possibilité de la présence du son « [χ] » ou [∫], qui expriment l’expansion du son aspiré vers l’Espagne, du son mouillé du catalan « j ([t∫] » et du « [s] » français. 

 Rancs (26v 3) : RANK (REW 7044 du francique et lombard), « boiteux ». Scondudament (23v 11) : « < abscondutament » (« en cachette »), tiré du participe passé « ascondut < abscondut » du verbe ĂBSCŎNDĔRE, cacher »)il présente l’aphérèse de « a » et la sonorisation « t > d » ; « escondudament » est présent aussi en COM 2 : TEE5 1616.Senescal (6r 13) est le « sénéchal < siniskalk » (REW 7946). Sezer (04v 9) « <*Sedi̯ere < SĔDĒRE » ; l’occitan introduit un « i̯ » même dans la syllabe «-DĒ- » de « VĔDĒRE > vezer » et dans «-DĪ- » de « AUDĪRE > « auzir » , comme s’il s’agissait de la rencontre de la consonne avec un « i̯ » en hiatus. Siau (23r 16 « <SŬĀVEm) ; Sies : ĔS devient sies avec 77 occurrences chez COM2 (s. v. « sies ») et « siei » en Toscana (Italie  ; ROHLFS 1967-1969 : §84, p. 102-103 et §88, p. 110-111) : le « i  » final dérive du change spontané de « s  » en « i » ; on explique la présence de « s  » initial dérivé du groupe interdental « [tsi̯] »   » par la germination de « i̯  » après la diphtongaison « ie < Ĕ  » ;   on a donc : « ĔS > ies > i[tsi̯] » > es[tsi̯] » > [is∫es∫] » ,  où la consonne sibilante prévale en tous les deux cas  ; dans le passage suivant on a « [is∫es∫] » > « [i∫e∫s] »   » par l’assibilation de « [s∫] > s  » et enfin par métathèse, « [∫ie∫s] » > « [∫ies]  » par l’assibilation des finaux « [s∫] > ss  » , qui deviennent « s  » par dégémination : le résultat est « [∫ies] » > sies (29r 07), « [∫ie∫s] » > sies > siei  » (Toscana), et en catalan « [∫ie∫s] » > « [tsi̯e∫s] sies  » par la prévalence de « i̯  ». Soston (21r 11) dériverait de SŪBSTĀRE , dont on a l’infinitif occitan « sostar » , tandis que la signification du verbe est « ôter » < OBSTĀRE ; le participe présent sostondu texte, donc, est le résultat de la forme du premier verbe et la signification du seconde : « m’ôtant (aux faux juifs) ». Ssa (31r 7) : la même gémination de la consonne sibilante est présente deux fois en « ssaber < *săpēre  » (REW 7586, 2 ; SENTÈNCIA 1374 : 28 f 2 r, 13 ; f 5 v, 13) ; la gorgia en italien est assez plus fréquente. Siau (23r 16 « <SŬĀVEm) la présence de « i » n’est pas à attribuer à la faute du rédacteur ; l’explication la plus simple c’est de considérer le « i » en tant que la tentative de rendre la graphie de « ÿ < Ŭ » après la palatalisation ; le chemin plus compliqué demanderait l’evolution « Si̯ŬĀVe > ∫i̯ŬĀu > sìuau » , où la réduction de la diphtongue «-iu- » est déterminée par le «-Ā- » ; la prononciation qui en dérive donc est « [sÿàu] » que l’on écrit siau. Queren (6r 19) le texte présente queerem avec un « e » rayé ; il semble que l’on ne veuille pas faire la faute gasconne de coreent (5r 15). Tenher (30v 15) et tenchese (31r 2) ; « < TĬNGĔRE  » devient « tenher  » (30v 15) par change spontané de « Ĭ > i̯  » en hiatus et devient « i̯ » , produisant avec « n  » le son « [-ni̯-]   » de « TĬNGĔRE  » ; après la vocalisation de « g  » (teni̯ere), le groupe «-NGĔ- « [-ngi̯e-] » devient « [-ngtsi̯e-] » > « [-ng∫i̯e]- » > « [-ngχe-] » ; le son [-gχ-] prévale et devient labio-vélaire comme «-nche-  » du subjonctif tenchese. Teulogica (03r 11) ; le terme teulogica « < thĕŏlŏgĭca » a été bâti en parallel à « ănthŏlŏgĭca » (GAFFIOT 1934 : s. v. ănthŏlŏgĭca), dont on a anteulegie de 3r 02. On peut bien entendre scientia teulogica en tant que teulogia « [teulògia] » thĕŏlŏgĭa. Trencada (16v 3) < du celtique « trencar » « casser, briser » selon Coromines (DOM2 s. v. « Trencar » ) ; ce verbe est identique en catalan. Trufados (17r 8) ; « Tūfer » (REW 8967 2) est « celui qui trompe » (GODEFROY 1938 : s. v. « trufateur ») ; les baratieres (04r 03) changent la vérité pour en tirer de l’argent en disant que l’Enfant aurait brisé les objets de la teuleria ; escarnidos « < *excarnitore(m) » dérive de « skĭrnjan » (REW 7999). Les trois mots son disposés en climax ascendant : la tromperie, la fraude, le dépouillement. Volgues (05v 2) ; À voir les remarques au sujet de pregueron (4r 18). Venguda (29r 11 ; « décrépite ») ; c’est le participe passé, presque identique en catalan, du verbe « VĔNĪRE » ; par l’insertion d’un « i̯ » dans la syllabe «-NĪU- » > «-Ni̯Īu- » on a le son «-N[∫/ g/ χ]u- » , qui devient « ven[∫/ g/ χu]- » et, par prévalence de la gutturale, on a venguda. Viras (11r 11) remonte à « *veder(e)+as <VĬDĒRE+(H)Ă(BE)S » après la monophtongaison de la diphtongue romane dérivant de « *ve- > vie- » et ensuite « vi- ». Yes (31v 7) ; yest(2v 05). Le groupe   « [-t∫i̯a-] » peut aussi présenter la métathèse « [-∫ti̯a-] » < [-t∫i̯a-] » comme il se passe en yest (25v 14 ; « tu es ») ; « [-∫ti̯a-] » produit le son « [-sa-] » / « [-za-] / ça » et aussi « [∫] » , écrit « sc » comme en puscan « [pus∫an] ». Au sujet de « [-∫ti̯-] » on a l’exemple de yest « < ĔS, tu es ». « ĔS » produit « i̯et » devient «-esi̯- [-es∫i̯-] » et ensuite « [-est∫i̯-] » , qui peut changer en « [-i̯est-] > yest » avec la métathèse de « i̯ » ou « [-ets∫i̯-] > ets » , à savoir le catalan « tu es » ; avec la métathèse de « t » et la chute de « i̯ » on a des exemples en italien aussi (AAA 2008 : 48) ; le témoignage de ce change c’est l’emprunt allemand « Palast » < PĂLĂTĭUm, où «-Tĭ- » prend le son « [-t∫i̯-] » et aboutit à «-tz- » comme en occitan « palatz » ; par métathèse on a le français « [-i̯t∫-] > iss > is » de « palais » et enfin, par métathèse de «-∫- » , « [-∫ti̯-] >-st- » de l’allemand «  palast » ; le « s » final de « papas » (REW 6209b), à savoir l’« évêque » et ensuite le « pape » , devient en allemand «-st- » par la même règle romane du catalan « ĔS > ets » : « [-∫ti̯-] » devient «-st- » sans aucune métathèse ; « papas » par la chute de « a » atonique devient donc en allemand « Papst » , qui témoigne, avec « Palast » , l’emprunt roman passé par la règle que l’on vient de voir. On trouve ici la validité de la diffusion du son « [-t∫i̯-] » et de ses possibilités de solutions (AAA 2008 : 48). L’exemple plus évident de ce change est constitué par les syllabes finales de « născĕre » (REW 5832), où un « i̯ » se produit dans «-cĕ- >-ci̯e- » et le verbe devient « *nasci̯ere » ; le groupe «-sci̯- » change en « [-∫ti̯-] » et en « [-i̯∫t-] » , par métathèse ; avec la vocalisation de « i̯ > i » on a «-ist- » , à savoir « naistere > naistre (naître) » , avec la chute de « e » de «-te- » considéré bref. Ysausat (03v 8) ; *Ĕxăltĭātum < *ĕxăltĭāre (REW 2935) présente les variations de «-tĭ- / [-∫-] » = « [-tsi̯-] / [-cs∫i̯-] / [-ssi̯-] / [-si̯-] > z / ç / x/ ss/ s » , selon la prévalence de la consonne devant « [∫] ». Comme «-X- » devant la vocale produit le son « [-csi̯-] » , on arrive à « [-cs∫i̯-] > [-ssi̯-] > [-ss] > [-s-] » par prévalence, en ce cas, du son « [-s-] » ; «-tĭ-» en hiatus devient facilement « [-tsi̯-] > [-si̯-] > [-s-] » apparemment avec le même son que « x » ; on trouve le même phénomène en ladin (AAA 2004 : 79-80 ; AAA 2002 : 187) et en catalan (Sentència 1364 : 29-30). On est arrivé donc à « esalsat » , où l’on a le change « l > u » , qui devient « esausat » (au sujet de « l > u » à voir pour l’italien AAA 2004 : 72) ; le change « e > i » est spontané comme pour l’italien (AAA 2004 : 69), avec le résultat ysausat. Χρο (31v 14) ; « Christòs  » abrégé en grec. 

Le texte de L 103, 02r 01-31v 08. 

Il s’agit de 31 façades (L 103 1r-31v) de 19 vers ïambiques souvent en assonance et parfois en rime plate ; 4r contient 18 vers et 9r 20 vers ; la façade 29v, probablement successive, se compose de 3 vers ; la façade 31v de 14 vers. 

À remarquer : les numéros suivis de r ou s indiquent la feuille, le recto et le verso ; le numéro qui en suit indique le vers : par exemple : 18r 10 : feuille 18, recto, vers 10. 

Lecture et transcription de quelques mots du texte par BIADENE 1899 : 190-195, abrégé : B, suivi par le numéro de la page ; les verses 31r 17-18 manquent chez BIADENE 1899 : 194. 

Crese (28r 19) : B : 190 propose « cresi » avec « i  » au lieu de « e  » depuis cresi de 10v 10  ; les deux verbes se fondent sur « CRĒDĔRE > CRĒDO  ». De (10v 15) B : 196, « di » et delit (28r 16) : chez B : 189 les deux mots continuent le vers précédent. Deus e homs (29r 7) : B : 191 écrit « dieus homs ». Ensins (27r 19) : B : 188 « enayssins ». Eysenple (26v 8) : B : 186 lit « eysempli » : le «  i  » final a été pris erronément au lieu du « e  » et « m  » au lieu du  « n  ». Forga (29r 12) : B : 191 écrit « farga ». Formens : B : 189, « for[…]s ». Gruoc (31r 3) : B : 193 reporte « gruec ». Guaren (26v 8. 16) : 26v 16 B : 186 lit « gnaren »   ; le groupe « gn  » initial est très difficile en occitan. Jus (10v 5) : B : 195, « ins ». Lanas (30v 14) : B : 193 « vanas ». Marit quant yeu (30r 1) : B : 191 lit « quantieu » , depuis caytieu (14r 16) : Muda (29r 10) : B : 191 va lire « anusada » , mais il faut considérer que les lettres «-sa- » sont rayées : le « a » , que Biadene lit, n’est rien d’autre qu’un « m  » comme on le trouve en marit de 30r 01. La rime muda s’accorde avec venguda du vers suivant. Ny (30r 2) : B : 191 « ni ». Poc (29r 18) :  < «  poder  » : COM2 reporte 451 occurrences poc ; B : 191 va le lire « pot ». Poyren (28v 4) : Mc 09, 23 « Tout est possible à celui qui croit » : B : 190 écrit « poyrey » , qui ne ferait pas rime avec veyren. Poyrey en outre serait « poire < poirai » mais la supposition même serait erronée. Sies (29r 7) : B : 191 « si es » ; Tantôt.. . lanssat (31r 17) : les vers 17 et 18 manquent chez B : 194. Tion (31r 14) : B : 194 reporte « tron  » , mais on voit bien sur le manuscrit le signe sur le « i  » , qui a été lu par B « r  » , et « di  » , a été lu à la même manière que « de  » du vers 28r 19. Vejan (31r 9) : B : 194 écrit «  vegan  »   ; le contexte de ce verbe remarque l’évaluation du travail du petit ouvrier : savoir teinter les étoffes en couleurs diverses signifiait que l’Enfant Jésus aurait bien appris son métier. Veyren (28v 3) : B : 190, écrit « veire » sans considération du signe tironien. Visiblament (10r 17) : B : 195 : visiblement. 

Rédaction

Aqui (12r 10) sur le texte on trouve aquis, avec le « s » rayé.

Aquella dia jort (14r 2) : il est évident que le rédacteur n’a pas corrigé aquella en « aquel ». 

Aysire (20v 10) ; c’est évidemment « ausire » (« écouter »).

Ben (25r 19) : le signe depuis ben pourrait être un « que » , qui ne donnerait point de signification au discours ; on pourrait aussi y entrevoir forcément un « tu » mal fait ; avec toute probabilité il s’agit d’un « p » bâclé qui n’a pas été rayé. 

Car (9v 14) : on s’attendait « can » (quand).

Cant (12v 7) : on s’attendrait « car ». 

Coreent (5r 15) : il ne s’agit pas de la faute du rédacteur ; coreent est le correspondant gascon de corrent (5v 7), comme on trouve sengoos (2v 15).

Drap[e]rs (30v 15) : Évidemment on voulait écrire draps, comme à la ligne 31r 9. 

En enans (9r 18) : Le rédacteur a écrit « en » au lieu de « es » (être) devant enans. 

Faglit (29r 16) : la graphie gl au lieu de «-lh- » , et sies du verse suivant pourraient faire penser à quelque influence italienne sur ce texte, étant donné que les génois étaient en Provence dès 1150, notamment pour leur commerce de laines et de teintures (CANALE 1851 : 398-422 ; CANALE 1844 : 72. 126. 305) ; cependant chez COM2 « fagl- » est présent avec d’autres 5 occurrences (notamment BREMON 1930 : PC 330, 003.017.019) ; ce signifie que même si Phelip Malon est d’origine italienne, sa rédaction est de l’occitan. 

Sengoos (2v 15) : il ne s’agit pas d’une faute du rédacteur ; c’est le correspondant gascon de l’occ. senhors

Χρο (31v 4) est « Christòs » abrégé en grec.

Texte 

1r

  1. [M]° III 22 Jhesus Jhesus
  2. aquest libre es de Jhesu Jhesus Maria
  3. Jhesus filius
  4. me h h
  5. Item mi deu Jhesum Christum iii filium
  6. Quid plus aut monta quid ne doyt
  7. plus bas de cent quid
  8. iii mee a le lua aci
  9. Item mi deu mon car avec vizage de
  10. 10.comiserastio
  11. 11.Item mi deu senyore
  12. 12.Anno domini millesimo
  13. 13.Item me deu saumet dono don la soma de
  14. 14.XX pastison que yeu ly ay mi
  15. 15.Phelip Malon

2r

  1. an nom de Dieu vuelh acomensar
  2. que my lay dire et acabar 
  3. que sia a honor et alausor
  4. de Jhesu Crist nostre senhor
  5. se que yeu vous vuelh cantar et dire
  6. del Filh de Dieu cant era enfant 
  7. qu’el non havia que quatre ans 
  8. el fon gentil et amoros
  9. bel et cortes et gracios
  10. 10.e fon humil et fon plasent
  11. 11.e gracios a toutes gens 
  12. 12.sa persona hac genta formada
  13. 13.et sa cara ben faysonada
  14. 14.los huelhs amoros et plasent
  15. 15.la boca frosen et risent 
  16. 16.toss els que l’enfant regardait
  17. 17.petits et grands s’en enamoravan
  18. 18.tant grant bontat l’enfant havia
  19. 19.que entres tos grant gaug fasia

2v

  1. et ung bon yuzieu apellat
  2. l’enfant Jhesus ha regardat 
  3. aquel Senhor qu’el mont sosten
  4. prec que ti don astre de ben
  5. que mont yest bella creatura 
  6. ben ti fes Dieu a sa figura 
  7. mays hanc non fon ne sera 
  8. que tostemps del mont durara 
  9. que non ni aia d’ans et de bons
  10. los ungs ves los autres enveios 
  11. et feron ho ben aparvent
  12. los faus juzieus menescresent
  13. que ren per creyre non volian 
  14. so que l’enfant Jhesus fasia
  15. sengoos et donnes ausires
  16. cantaray vous l’enfant que fes 
  17. un gran matin el se levet
  18. a l’escolo maior s’en annet
  19. hon havia ganrens de de clers honras

3r

  1. nobles et rics et moderas 
  2. sabian ni saupes d’anteulegie
  3. en logica et en grammasia
  4. et en ganren d’autres sciencias 
  5. l’enfant Jhesus sen negune temense
  6. davant els sy va asetar 
  7. pueys l’enfant va lur aconmensar
  8. a demandar grans questions
  9. nenguna responso non ly sabian
  10. ganrens d’articles et de rasons 
  11. e grans maistres en teulogica
  12. demantenent els s’en anneron
  13. de grant vergonha qu’els agron
  14. cant viro que aquel enfant
  15. era tant jove et sabia tant 
  16. mais en aquelles escolles havia
  17. alcuns clergues qui aprenian
  18. que eran parens de una Nostra Donno 
  19. de mantenent en aquel hora

3v

  1. davant Jausep s’en van venir 
  2. anneron ly pregar et dire
  3. que l’enfant fes ensenhar
  4. letras aprenre et endoctrinar
  5. car sy l’enfant vien longamens
  6. fort sera savi et sabent
  7. per el seren trastos hondras
  8. et son linhagi ysausat
  9. et Jausep ha lur respondut
  10. senhors dist el se Dieus m’aiut
  11. yeu hay plazir et gaug mont gran
  12. de so que dises de l’enfant
  13. mays yeu nom my puesc prepeusar
  14. dedins mon cor ni enmaginar
  15. a qual escola lo metren
  16. ny qual maistre ly daren
  17. e los parens de una Nostra Donna
  18. responderon en aquella hora
  19. senher Jausep metan l’enfant

4r

  1. ancian a lo maistre acian Azarian 
  2. car el es noble clerge et honrat
  3. non entent en dengun barat
  4. e Jausep a lur respondut
  5. d’aqui partiron e van s’en
  6. et una Nostra Donna atressis 
  7. a Asarian Azarian s’en van venir 
  8. averon ly pregar et dire
  9. que l’enfant volgues ensenhar
  10. letras apendre et adoctrinar
  11. car nos mot ben vous pgagaren 
  12. e vostra voluntat faren 
  13. E azian Azarian ha respondut
  14. senhors dis el sy Dieu m’ajut 
  15. aysins vous prometi en Dieus
  16. que yeu l’ensenharay con sy era mieu 
  17. a sZarian l’enfant layseron
  18. Nostra Donna et Jausep ly pregueron 
  19. 19. que l’enfant per mal non toques

4v

  1. ni lo feres ni bates 
  2. E acian Azarian ha respondut
  3. jeu vous promete si Dieu m’ajut
  4. que l’enfant non sera tocat
  5. par my batut ni malmenat 
  6. l’enfant a Zarian layseron
  7. una Nostra Donna als annes s’en torneron 
  8. puyes Zarian l’enfant a pres
  9. descosta sy sezer lo fes
  10. e vol ly sa lison mostrar 
  11. e Zarian va ly demandar
  12. mon enfant ara digas alef
  13. e en apres vous dires bef 
  14. l’enfant Jhesus non ha us motz sonar 
  15. Azarian e Zarian fon irat fort 
  16. l’enfant annet ferir f sus lo col 
  17. l’enfant ha dig fag has que fol 
  18. Et Azarian tantost demantenent
  19. vesent del pobol et de la gent

5r

  1. e Sarian Azarian tanstost tonbet 
  2. toss els que en l’escola eran
  3. grans mirivilhas sy doneron 
  4. par la villa s’en van cridant
  5. mort es lo maistre Azarian 
  6. un bon juzieu aquo ausi
  7. tantost corrent d’aqui parti 
  8. secretament vent a Jausep
  9. senhor Jausep vous prec per Dieu
  10. que vous annes tost a l’escola
  11. e non fassas longa demora 
  12. vostre filh son maistre ha mort 
  13. senher Jausep annas hi tost 
  14. e Jausep tantost de mantenent
  15. ades de trot ades corrent 
  16. dreg en l’escola s’en annet 
  17. l’enfant Jhesus aqui trobet
  18. mantenent per la man lo pres
  19. vers de l’escola tantost menet l’en

5v

  1. car Jausep pahor havia
  2. con ly voh volgues fayre vilania 
  3. E tan tantost de mantenent
  4. venguevon los amis els parens
  5. d’Azian de Azarian et foron mot iras
  6. cant viron Azian Azarian degolat
  7. que stet mort en mieg del sol 
  8. tos sy donneron mot grant dol
  9. mot fon lo grant dol que meneron
  10. cant Azian Azarian mort atroberon 
  11. e disseron senhers que faren
  12. ny qual conselh penre poderen 
  13. e parlet un malvay juzieu
  14. senhers dis el non vos si greu
  15. que yeu per sert conselharia
  16. si conoyses que ben fach sia
  17. que al senescal nos en annen
  18. et pueys nos ly contarem
  19. la perdoa e la dalmage grant

6r

  1. que nous a fach aquel enfant 
  2. tos responderum mot ben dises 
  3. annen hi tost ensens ades 
  4. d’aqui s’en van tantost partir
  5. al senescal s’en van venir
  6. e anneron lo saludar 
  7. senhor vuelhas nos scoutar 
  8. e lo senescal respondet de mantenent
  9. sehors digas ardidamens
  10. digas so que dire voles
  11. car mot ben atendus seres 
  12. e parlet un savi juzieu
  13. en senescal non vos sia grieu 
  14. nos autres nos vos denuncian
  15. que lo bon maistre arian Azarian
  16. aquel enfant Jhesus l’a mort
  17. per que vos pregam que tantot
  18. nos en fassas dreg et rason
  19. aquo vos queren et al [ ] venon 

6v

  1. e lo senescal a respondut
  2. sehors dis el si Dieu m’ajut
  3. yeu vos faray rason et dreg
  4. mas per la fe que yeu vos deg
  5. vos autres aves pron parlat
  6. mas yeu vuelh esser enformat
  7. davant que yeu alre ly fassa
  8. per que non vos desplassa 
  9. mays puyes lo senescal va dire
  10. sehors dis el si Dieu m’ajut
  11. sabes que vos autres fares
  12. lo mort davant mi portares
  13. car yeu volria vezer lo mort 
  14. tos responderon a mi plas fort 
  15. em tantost de mantenent
  16. d’aqui partiron et van s’en 
  17. lo mort anneron aportar
  18. 18. davant lo senescal pausar
  19. 19. e lo senescal lo mort regardet 

7r

  1. puyeis als amis el demandet
  2. cal dises vos que aquest a mort
  3. yeu non ni vech nafra ne cap
  4. ny vech que aia perdut sanc 
  5. a gran tort encopas l’enfant 
  6. el pot esser mort d’autrament
  7. con moron garoen d’autres gens
  8. per que l’enfant non ha negun tort 
  9. d’aquest fag yeu l’enfan san si fort 
  10. e pueys lo senescal va dire
  11. sehors dis el voles ausir
  12. yeu per sert vos conselharie
  13. sy conneyses que ben fag sia
  14. d’aquest mort non annes parlant
  15. mas portas lo mort souterrar
  16. car l’enfant es de grand linhage
  17. de grant sanc et de grant parage
  18. del linhage del rey David
  19. de Jausep d’Abram atresuis 

7v

  1. per que per sert mal vos venria
  2. sy hom a l’enfant hom mal fasia 
  3. cant los parens de mort hanc ausit
  4. so que lo senescal lur ha dig
  5. de grant pahor s’en van al vas 
  6. porteron lo mort soterar 
  7. pueys en apres s’addevenc
  8. un maystre de bon p[or]tament
  9. que era gentil homs de paragi
  10. 10. honrat homs et de grant linhagi 
  11. 11. era maistre en teulegia
  12. 12. en los ars in gramansia
  13. 13. e non havia fruc ni enfant 
  14. 14. e un jort el sy va pensar
  15. 15. con pogra haver l’enfant Jhesus 
  16. 16. davant Jausep s’en es vengut
  17. 17. et anet ly dire et pregar
  18. 18. que l’enfant ly valguessa laysar
  19. 19. et Jausep ha ly respondut

8r

  1. senhor maystre sy Dieu m’ajut
  2. l’enfant per ren non laysaria
  3. per nulha ren que a mont sia 
  4. e lo maystre ha respondut
  5. ben ho podes far senher Jausep
  6. car yeu vos prometi en Dieu
  7. que yeu l’endoctrinaray con sy era myeu 
  8. e Jausep adons anet dire
  9. senher maystre voles ausir 
  10. ben mi plas que l’ensenhes 
  11. mais que a ssa mayre ho demandes
  12. car l’enfant yeu non laysaria
  13. sy la maire non ho sabia 
  14. e lo maystre respondet
  15. jeu vos pregue senher Jausep
  16. que vos et preu senher la ’nen
  17. a sa mayre et que la preguen
  18. que l’enfant mi vuelha laysar 
  19. yeu lo voria fort endoctrinar 

8v

  1. e Jausep tantost ha respondut 
  2. d’aqui sy son andos mogus 
  3. a Nostra Donna son vengus
  4. e lo maystre la saludet
  5. et puyessas el ly preguet
  6. que l’enfant ly volgues laysar
  7. car yeu lo vuelh adoctrinar
  8. si a vos Donna ni a Jausep plagues
  9. l’enfant laysar mi volguesses 
  10. et Nostra Donna respondet
  11. voles ho vos senher Jausep 
  12. e Josep tantost ha respondut 
  13. don dis el a mi plas fort 
  14. l’enfant al maystre bayleron 
  15. Nostra Donna et Josep ly pregueron
  16. que l’enfant per mal non toques
  17. ni lo fires ny lo bates 
  18. e lo maystre respondet
  19. a vos Donna et Jausep

9r

  1. vos prometi per ren que sia
  2. l’enfant per mal non toquaria 
  3. lo maystre l’enfant ammenet 
  4. mot lo servi mot l’amet
  5. car l’enfant era mot gracios
  6. e avenent et amoros 
  7. l’enfant era mot ben servit
  8. e de trestot ben complit 
  9. cant lo maistre l’enfant vesia
  10. togiort gran gauch ly fasia 
  11. pueycias lo maistre l’enfant a pres 
  12. de costa sy sezer lo fes
  13. e vol li sa leson mostrar 
  14. el maistre va ly dimandar
  15. mon enfant vos dires alef 
  16. en apres vos dires bef 
  17. e l’enfant Jhesus respondet
  18. per que alef en enans que bef
  19. tu qui es maistre en teulegia
  20. e en los ars en gramancia 

9v

  1. respont mi a la question
  2. car Dieu ti demande rason 
  3. digas my que vol dire alef
  4. e yeu ti dirai que vol dire bef 
  5. cant lo maistre hac entendut
  6. l’enfant con si ha respondut
  7. formens s’anet merivilhar
  8. cant el ausy l’enfant parlar
  9. tantost et el sy merivelhet
  10. e a l’enfant merce clamet 
  11. senher dis el perdonna my
  12. car ay encontra tu falhit
  13. car yeu senher mot fort arava
  14. car mon maistre ensenhava 
  15. yeu crey que tu yest home et Dieus 
  16. l’enfant Jhesus ha respondut
  17. yeu vuelh car tu m’as conegut
  18. Arian Azarian sy resucitara
  19. e de mort a vida tornara 

10r

  1. ar ausires que anet fayre 
  2. l’enfant Jhesus franc de bon aire
  3. al vas d’Arian Azarian s’en annet 
  4. puyes l’enfant Jhesus lo sonet
  5. que sy levasa mantenent 
  6. vesent del pobol et de la gent
  7. Azarian va ressucitar
  8. e de mort a vida tornar 
  9. tos lo juzieus que aqui eran
  10. grans merivilhas sy donneron 
  11. entre els meteis va parlar
  12. vegas que aquel enfant a fag
  13. Aria Azarian que era soterat
  14. mays avia d’un mes passat 
  15. aquel enfant cant lo sonet
  16. de mantenent resucitet
  17. e aquo fes visiblament
  18. vesent de totas las gens 
  19. cant Azarian vi l’enfant Jhesus

10v

  1. davant el venc lo ginols nus
  2. e annet ly merce clamar
  3. que ly volguessa perdonar
  4. car yeu senher cant ti toquiey
  5. jus en ufert senher n’aniey 
  6. hon tota via hay stat
  7. tro que tu m’as pueys resucitat
  8. ni ufert non hanc pueys poder
  9. que layns my pogues tenir 
  10. per que yeu cresi et t’ahor
  11. e ti reclame per senhor
  12. e cresi sertanament
  13. tu yest veray Dieus et hons ensens 
  14. l’enfant Jhesus ly perdonet
  15. car de bon cor sy penedet 
  16. encaras vos vuelh retrayre
  17. 17. l’enfant Jhesus que anet fayre 
  18. 18. un jort sy va desportar
  19. 19. an d’autres enfans sollasar 

11r

  1. dedins uns un grant hostal intreron
  2. trastos aysins come eron 
  3. e lo solelh dins l’ostal intret 
  4. per la fenestra hon intret
  5. l’enfant Jhesus que annet fayre
  6. sus lo solelh annet rinar
  7. e per desus core et saltar 
  8. pueys el si mes de cavalcons
  9. e vengron lo autres juatons
  10. e penseron far etal 
  11. viras los aqui tonbar
  12. e l’un sobre l’autre caser
  13. que non si podian dar donar conselh 
  14. lo uns s’eran trencat lo col cap 
  15. los autres las canbas et los bras 
  16. d’autres s’eran trencat lo col
  17. que stavon mors en mieg de sol 
  18. aqui s’ajusteron garens de gens
  19. payres e mayres et lus parens 

11v

  1. mot fon grant lo dol que meneron
  2. cant lurs enfans mors atroberon
  3. e cridavon caytius e que faren
  4. ni cal conselh pendre podren 
  5. e non fazien mas plorar 
  6. e van sus lo solelh regardar
  7. e viro hi hi l’enfant Jhesus
  8. grans merivilhas s’en doneron tuch
  9. cant l’an vist sus lo solelh star
  10. e per sus core et sautar 
  11. e lo juzieus anneron parlar
  12. hauria ho fag aquel enfant
  13. que vezen sus lo solelh star 
  14. tos responderon ben sy pot far 
  15. et parlet un prohoms juzieu
  16. sabes dis el non vos sie greu 
  17. yeu per sert consolaria 
  18. si cognoyses que ben fag sia 
  19. d’aquest fag non m’en planc

12r

  1. car per sert lo es Jhesus l’enfant 
  2. non atrobaren dreg ni rason
  3. de la valensa d’un boton
  4. mas que a Jausep nos en annem
  5. e pueys davant cant ly cerem
  6. e nos ly contaren lo mal e lo dan
  7. que nos a fag lo sieu enfant 
  8. tos responderon mot ben dises 
  9. annen hi tost ensems ades 
  10. d’aqui si son tantost partis 
  11. davant Jausep s’en van venir
  12. e anneron lo saludar 
  13. pueys van ly dire et contar
  14. la perdoa et lo dalmagi grant
  15. que lus ha fag lo sieu enfant 
  16. sehors dis el si Dieu m’ajut
  17. a mi non plas en nulha ren
  18. si l’enfant vos ha fag mas ben 
  19. mas si vos plas la mi meneres

12v

  1. la hom dises que l’enfant es 
  2. e els responderon mantenent
  3. seher mot voluntieremens 
  4. d’aqui si son tantost partis
  5. la hom es l’enfant Jhesus van venir
  6. e volgron lo a Jausep mostrar
  7. cant negun no pot parlar 
  8. la vista e lo parlar perderon
  9. trastos ensemps anaysin eran
  10. sal Jozep que aqui stet
  11. e l’enfant dolsamens sonet
  12. e l’enfant fon ben obedient
  13. 13. ax tantost demantenent
  14. 14. del solelh aval el sautet
  15. 15. e es vengut davant Jozep 
  16. 16. ausires que annet far
  17. 17. l’enfant Jhesus franc de bon ayre
  18. 18. los enfans que eron tonbas
  19. 19. e del solh degolas

13r

  1. l’enfant Jhesus los va sonar 
  2. e en apres lur va comandar
  3. que se levesson mantenent
  4. vesent del pobol et de la gent 
  5. los mors fes resucitar
  6. e las nafras garir et sanar 
  7. ar m’antendes et auries
  8. contaray vos l’enfant que fes 
  9. un bel matin si va levar
  10. e volc si annar desportar
  11. fora la villa en la ribiera
  12. et passet per una teuliera
  13. hom havia granren d’obries 
  14. e fasien teules et pechies 
  15. l’enfant aqui se tanquet 
  16. l’obra que fazien regardet 
  17. l’enfant volc lur ajudar 
  18. e lo teulier va li demandar
  19. di gras enfant de qui yest tu

13v

  1. que tant es bela creatura
  2. vos non es pas d’aquest mestier
  3. que fassas teules ni pichies
  4. la cara n’aves semblant 
  5. vos mi semblas de grant linhagi
  6. e de mot noble parentagi 
  7. prec vos mon enfant que vos entornes 
  8. l’enfant respont non feras ges 
  9. l’enfant an los teuliers se stet
  10. tro que fon gran nuech lur ajudet
  11. tant grant talent havia d’obrar 
  12. de tot lo jort non va manjar
  13. ni a l’enfant ren non doneron
  14. ni de manjar non l’envideron 
  15. car era hora d’albregar
  16. l’obra que han fag regardaron
  17. trestos si merivilheron
  18. cant viron tant d’obra facha

14r

  1. e fon mot gentilement obrada 
  2. mays n’agron fag d’aquella dia jort
  3. que de V jorts fag non havia 
  4. pueys lo prohoms teulier va dire
  5. a sos hobries ben my merivilhe 
  6. aquel enfant hon es annat
  7. que huey tojort nos ha ajudat 
  8. dis lo maistre gran falhensa
  9. que aven fag et desconnoysensa
  10. a l’enfant ren non aviam donat 
  11. de que faren gran malvestat 
  12. nengun de tos nos ren non ly donen
  13. ni de maniar non l’enviden 
  14. tos responderon fassan que lo troben
  15. entre tos ben lo pagaren 
  16. d’aqui sy van tantost partir
  17. an gran gauch et ambe ris
  18. car agron fach tant bel obragi 
  19. l’enfant Jhesus es romangut 

14v

  1. a la teuliera ’s condut
  2. e cant s’en foron tos annas
  3. l’enfant Jhesus que era romangut
  4. tota l’obra que fach havia
  5. ben iiii jors que hon havia
  6. plas et teules et pichies
  7. ren non hi a romangut entier
  8. l’enfant tot ho trenquet 
  9. de mantenent el s’en annet
  10. ves l’ostal tant com podia 
  11. e Josep son enfant queria 
  12. e car era vespre tant grant
  13. gran pahor havia de l’enfant 
  14. e car non lo podie atrobar 
  15. Josep non sy fasia mas plalar
  16. 16. e dis caytieu et que faran 
  17. 17. mentre Josep l’enfant sercava
  18. 18. per una travessa hon passava
  19. 19. e vi l’enfant que s’en venia 

15r

  1. annava a son hostal tant que podia
  2. e Josep per la man lo pres
  3. per la man e pueys menet l’en 
  4. e Nostra Donna hac plaser grant
  5. cant vi venir son car enfant 
  6. pueys Nostra Donna humilmens
  7. ly demandet mot dousamens
  8. mon enfant hon haves stat
  9. de tant gran nuech sias albreguat 
  10. yeu vos prec que non m’o seles 
  11. l’enfant respont non faray ges 
  12. huey matin my volc levar
  13. e volguy m’anar desportar
  14. fora la villa a la ribiera
  15. e passyey per una teuliera
  16. 16. hon havia ganren d’obries
  17. 17. que fasien teules et pichies 
  18. 18. aqui hay huey tot jort stat
  19. 19. e ay als hobries ajudat 

15v

  1. e nostra donna pres a rire
  2. e pueys apres ella va dire
  3. mon enfant es vos d’aital mestier
  4. que fassas ny pichies ny teules 
  5. e pueys Nostra Donna va dire
  6. mon enfant vorias vos dormir 
  7. l’enfant respondet manjar volrie 
  8. huey non mangiey de tot lo jort 
  9. l’enfant Jhesus bec et manjet 
  10. cant hac manjat pausar s’anet 
  11. e lo prohoms de la teuliera
  12. lo bel matin tent sa cariera 
  13. a la teuliera s’en annet 
  14. ganren d’obreis an sy menet
  15. l’obra penset trobar facha
  16. entiera con l’avia laisada 
  17. e vi que ren no hi ac entier
  18. plas ny teules ny pichies
  19. e cridet quaytieu que faray

16r

  1. ne qual conselh pendre podray 
  2. E qui m’a dat aytal dapmagi
  3. que m’aia trencat tot mon hobragi
  4. que jeu non ly pense aver fach tort 
  5. may mi valgra que m’agues mort 
  6. lo teulier stet coracat
  7. e fon mot dolent et irat
  8. cant vi tota s’obra afolada
  9. aysint salida et mal menada 
  10. 10. pueys lo prohoms teulier va dire
  11. 11. senher Josep voles hausir
  12. 12. con vostre filh Jhesus venc entre nos
  13. 13. a la teuliera ajudar nos 
  14. 14. l’enfant de bona voluntat
  15. 15. hier tot jort nos ha ajudat
  16. 16. mas pueys ben nos ha rendut
  17. 17. de l’obra non y hac entier romangut
  18. 18. plas ny teules ny pichiers 
  19. 19. ren non n’es romangut entier 

16v

  1. e Josep al teulier va dire
  2. maistre fort mi merivilhe
  3. si nostre enfant la vos ha trencada
  4. vostra hobra ni afolada 
  5. e lo teulier ha respondut
  6. seher Josep se Dieu m’ajut
  7. sapias que yeu non ho dicia
  8. per nulha ren que al mont sia 
  9. dis Josep al teulier annen
  10. a nen a la teuliera et veyren 
  11. aquella hobra que ha trencada
  12. nostre enfant ny afolada 
  13. e els responderon voluntiers 
  14. dis Josep metes vos permiers 
  15. d’aqui sy van tantost partir 
  16. à la teuliera van venir
  17. e volgron l’obra a Jausep mostrar 
  18. e lo teulier annet regardar
  19. e stet trestot vergonhos

17r

  1. e stet per sert merivilhos
  2. cant vi l’obra mot ben formada
  3. ben feta facha e ben asolada
  4. plas et teules et pichiers 
  5. trastot ha atrobat entiers 
  6. dis Jausep seher que volles
  7. plus que vostra hobra entiera aves
  8. Vos autres semblas trufados
  9. baratieres et escarnidos
  10. que m’ajas fac venir lassar
  11. ni tant luech venir aysar 
  12. mot haves fach gran villania
  13. car yeu non puey anar a ma guisa 
  14. 14. respont lo prohoms teulier
  15. 15. seher Josep per Dieu vos prec
  16. 16. que si vos plas mi perdonnes
  17. 17. par la bontat que en vos es 
  18. 18. respon Josep perdonne vos Dieu
  19. 19. car el ho poc far mies que jeu 

17v

  1. lo teulier va despartir 
  2. cascun va a son hostal venir 
  3. e tos sos hobries atresuis
  4. d’aqui partiron et van s’en
  5. an grans cans gaus et ambe logragi
  6. car agron trobat lur hobragi 
  7. pueys s’estalvet un autre dia
  8. l’enfant an d’autra conpanhia 
  9. se anaven ensemps desportar
  10. e van en un mur pujar 
  11. l’enfant Jhesus puget premier
  12. e aprop puget Ferier 
  13. 13. e Abramon vent pueys apres
  14. 14. e Jucifon e Semiel
  15. 15. e pueys vent Crescas et Salamon
  16. 16. e Caracause et Mosson
  17. 17. e Tartonet Espuef Jutze
  18. 18. e Vilabon et Boniac
  19. 19. Jacob e Aragon et Bonet 

18r

  1. e Vidalon e Astrugult 
  2. e pueys vent Bondia et Josse
  3. e Barba et Saura et Mosse
  4. e Riconet et Salamis
  5. e d’autres ni hac garen mays
  6. Duranton Salamonet et Mordacays
  7. e Dieulosal et Benvengut
  8. Mironet y fon Acrestal
  9. e Cartengut et Riginon
  10. e Cartonet e Bonjussieu 
  11. Sus lo mur aneron pujar
  12. e commenseron a solassar 
  13. cant foron laysus tos ensems
  14. Feriac un garson malastruc
  15. annet Abramon degolar
  16. del mur aval lo col trencar 
  17. cant lo juatons lo an vist
  18. tos s’en fugiron sal Jhesus Crist
  19. que es romangut laysus 

18v

  1. los parens del mort aynsi
  2. mot foron dolens e iraz
  3. cant viron Abramon degolat
  4. que stet mort en miech del sol 
  5. cant sy doneron mot gran dol
  6. e les gens van demandar
  7. ‘s brias que ha fach ayso 
  8. e un malvays jusieu va dire
  9. sehors voles ausir
  10. digas que mi voles donar
  11. si yeu lo vos vanc tantost mostrar 
  12. tos responderon mantenent
  13. mostra lo nos prou ti daren 
  14. dis lo juzieu Ar mi segues
  15. que yeu lo vos mostraray tantost ades 
  16. d’aqui si van tantost partir
  17. lay hon i es l’enfant van venir 
  18. e lo juzieu va lo lur mostrar
  19. veses lo sus lo mur star 

19r

  1. e los parens del mort van disent
  2. per sert ren non acabaren
  3. l’enfant que sus lo mur veses
  4. cascun per sert creyre ho podes
  5. car aquel es l’enfant Jhesus 
  6. aysy non faren ren neguns 
  7. mas que a Josep nos en annen
  8. e pueys nos ly contaren
  9. con son filh ha Habramon degolat
  10. del mur aval lo col trencat 
  11. tos responderon mot ben disses 
  12. annen hi tost ensemps ades 
  13. d’aqui si van tantost partir
  14. davant Josep s’en van venir 
  15. mot dousament lo saludaron
  16. e Josep va lur dire que queres 
  17. senhor nos ti venen pregar 
  18. ton enfant vuelhas quastiguar
  19. car per sert mot es gran l’autragi

19v

  1. que nos a fach et lo dampnatge 
  2. e Josep respont anb aytant
  3. que vos ha fach nostre enfant 
  4. e los parens de mort van dire
  5. sehor Josep voles ausir
  6. el nos ha mort et degolat
  7. Abramon filh de Boniac 
  8. e Josep ha lur respondut
  9. sehor dis el si Diau m’ajut
  10. a mi non plas en nulha ren
  11. si l’enfant vos ha fach mas ben 
  12. mas si vos plas mi menares
  13. la hon disses que l’enfant es 
  14. e els responderon mantenent
  15. sehor mot voluntierament 
  16. d’aqui s’en van tantost partir
  17. lay hon es l’enfant Jhesus van venir
  18. e van lo a Josep mostrar
  19. e va lo regardar 

20r

  1. e vi lo que sus lo mur stet
  2. e Josep dousamens lo sonet
  3. mon enfant dis el deycendes
  4. deycendes d’aquel mur aval si vos plas 
  5. l’enfant Jhesus fon obedient 
  6. vesent tot lo pobol et de la gent
  7. et es vengut davant Josep
  8. e los malvays juzieus van disent
  9. per sert so es encantament 
  10. los falses juzeus non ho cresien
  11. so que l’enfant Jhesus fasia 
  12. los amics et parens del mort
  13. l’enfant Jhesus encopavon fort
  14. e tos dison aquel l’a degolat
  15. del mur aval lo col trencat 
  16. l’enfant Jhesus adonc va dire
  17. als amics ben voles mentir
  18. que hanc Abramon non toquiey
  19. 19.ni li diey enpencha ni lo butiey 

20v

  1. e si creyre non ho voles
  2. annas al mort et ly dises
  3. si yeu l’ay mort ni si yeu l’ay degolat
  4. ni l’ay del mur aval tonbat 
  5. e un jusieu que ha a nom Jacob
  6. ha respondut comma arlot
  7. vegas sehos con si pot far
  8. que un mort vos puesca parlar 
  9. l’enfant Jhesus adonc va dire
  10. aportas lo mort aysire 
  11. tantost los juzieus menescresens
  12. d’aqui partiron et van s’en 
  13. lo mort aneron aportar
  14. davant l’enfant Jhesus pausar 
  15. tantost l’enfant Jhesus lo sonet
  16. e per son nom lo demandet
  17. di gras Abramon que t’ay yeu fach
  18. hay ti yeu mort ni degolat
  19. vay sus et digas la veritat 

21r

  1. tantost Abramon si levet
  2. cant l’enfant Jhesus lo sonet 
  3. pueys Abramon de mantenent
  4. vesent dels juzieus menescresens
  5. e davant els el anet dire
  6. sehor yeu cresi sen mentir
  7. que tu yest hons veray et Dieu 
  8. tot sertanament ho cresi yeu 
  9. Feriar m’avia degolat
  10. 10. mas vos m’aves resucitat
  11. 11. soston mi als fals juzieus 
  12. 12. con l’enfant era veray Dieus
  13. 13. l’enfant fon homs et Dieus ensens 
  14. 14. encaras vos vuelh mays contar
  15. 15. l’enfant Jhesus que annet far 
  16. 16. e entendes ben la rason
  17. 17. contaray vos ansint con fon 
  18. 18. l’enfant Jhesus matin si levet 
  19. 19. an d’autres enfans s’atrobet

21v

  1. e anneron ensemps desportar
  2. en la ribiera solasar 
  3. e cant foron en la ribiera
  4. l’enfant Jhesus en la carieyra
  5. d’argilla et de terra acanpet
  6. e pueys et el ho mesclet 
  7. e tantost l’enfant de mantenent
  8. vesent dels juzieus menescresens
  9. l’enfant Jhesus en fes ausels
  10. alauzetas et stornels 
  11. fes en garen d’autra manieyra
  12. papagays merles calandrias
  13. e fes en ben V sens 
  14. pueys comandet a tos ensens
  15. que si levessan et et vollessan 
  16. d’aqui meteus tos s’en voleron
  17. e lur latin cascun canteron
  18. e los juzieus que ho regardavon
  19. grans merivilhas si donavan

22r

  1. e per ren creyre non volien
  2. so que l’enfant Jhesus fasia 
  3. l’enfant Jhesus los ausels sonet
  4. e tos deycenderon aval 
  5. de mantenent tos davaleron
  6. en miech del sol tos si pauseron 
  7. e pueys l’enfant Jhesus mantenent
  8. vezent dels juzieus menescresens
  9. l’enfant los ausels regardet
  10. mascles et femels aviset
  11. per lo sol fazia annar
  12. l’un an l’autre pelejar 
  13. E pueys l’enfant Jhesus los ausels pres
  14. dedins un gran fangas los mes
  15. e pueys l’enfant de mantenent
  16. d’aqui partir et annet s’en 
  17. e los malvays juzieus an parlat
  18. vejas que ha fach aquel enfant
  19. ben par que petit ha de sens 

22v

  1. per sert n’aven mens
  2. car nos tot lo seguen
  3. per so que fayre ly vessen 
  4. per sert el es gran baratayre
  5. trufador et enguanayre 
  6. qu’el nos ha tos enencantas
  7. an son sabe enganas
  8. car yeu seher per sert vos dic
  9. aquel enfant es enemic
  10. e si creyre hon men volias
  11. d’esta tera hon lo gitaria 
  12. los traytors falses juzieus
  13. non cresian qu’el fos Dieus 
  14. ara entendes et auzires
  15. l’enfant Jhesus adonc que fes 
  16. als fals juzieus de malayre
  17. l’esquert que l’enfant annet fayre 
  18. los ausels havia gitat
  19. hins al fanguas tos creas 

23r

  1. l’enfant trastos a fach levar
  2. e pueys el trastos los fes valar 
  3. e en mentre que s’en volavan
  4. als falses juzieus que ho regardavon
  5. per miech la cara lur doneron
  6. los falses tos enmerderon 
  7. e parlet un malvays juzieu
  8. senher non vos ho avia dich jeu
  9. que per aquel foran ausitz
  10. baratas et escayrnichz
  11. car per sert per dispiech de nos
  12. aquel ausels que son merdos
  13. los fes trastos del fanc levar
  14. e pueys et el los fes volar
  15. per miech la cara nos doneron
  16. tos tantost siau nos enmerderon 
  17. cal pot dir que aquel sia enfant
  18. mies creze jeu que sia diabol grant
  19. car si el fos enfant nat de mayre

23v

  1. aquo per sert non pogria fayre
  2. so que aquel fa en sa diablessa 
  3. per ren del mont yeu non creyria
  4. que sia home ni enfant
  5. mies crese que sia diabol gran 
  6. los falces juzieus reneguas
  7. non cresian que fos Dieus 
  8. apres ayso no tardet gayre
  9. los falces juzieus que anneron fayre
  10. en un hostal secretamens
  11. cant con pogron scondudament
  12. s’aneron trastost ajustar 
  13. los malvays juzieus van parlar
  14. e dire sehors que faren
  15. ni cal conselh prenre poyren
  16. d’aquest malvays enfant Jhesus
  17. si li pogran saber neguns 
  18. respont un malvays juzieu
  19. sehors non vos sia greu

24r

  1. saber que m’era yeu pensat 
  2. si coneses que ben fag sia fag
  3. que aguessan un hostal grant 
  4. metan dedins garen d’enfant
  5. e sia mascles et femmes 
  6. tos re responderon mot ben dises 
  7. e un juzieu ha parlat
  8. per ma ley ben ha dechat 
  9. pueys l’endeman de mantenent
  10. un hostal anneron implir
  11. d’enfans pueys avie dir
  12. fassan venir aquel Jhesus 
  13. ben dises respont cascun 
  14. e tantost non tardet gayre 
  15. l’enfant Jhesus aqui passet
  16. e los juzieus van lo sonar 
  17. 17. e pueys et els li van demandar
  18. 18. que devines
  19. 19. so que dedins aquel hostal es 

24v

  1. l’enfant respont ben lo diray
  2. porcs et truegas ben ho say 
  3. e tos los juzieus an cridat
  4. vejas con ben ha devinat
  5. que lo saon enfans petis 
  6. e anneron l’hostal ubrir
  7. e van layntre regardar 
  8. penseron los enfans trobar
  9. que per pauc non moriron
  10. con viron que eron truegas et porcs 
  11. esteron tos encantas
  12. e foron dolens et iras
  13. entre els metels 
  14. l’un a l’autre van dis disent 
  15. sus la mayson la van pujar 
  16. mas con la volgron alugar
  17. la tranc fon corta mais d’una canna
  18. Nalec n’ac dol n[ ] non sap[ian] que fa[sse]ssa
  19. la tranc desus l’ostal avaleron

25r

  1. e en miech del sol la pauseron
  2. Nalec sus la tranc s’asetet 
  3. l’enfant Jhesus aqui passet
  4. et vi Nalec que si sesia
  5. sus la tranc anbe malenconie 
  6. l’enfant Nalec va sonar
  7. e pueys va li demandar
  8. digas Nalec que aves vos 
  9. Nalec respont que qual a vos
  10. vay t em enfant laysa me star
  11. que my vas tu demandant 
  12. aras respont Jhesus l’enfant
  13. Nalec dis l’enfant yeu voria
  14. si connesces que ben fag sia
  15. que prengas un pauc de la 
  16. veyren si poyren ren tirar
  17. que la puscan pron alongar 
  18. e Nalec l’enfant regardet
  19. e enfant ben parlas como pec

25v

  1. que tu mi mandes tirar
  2. aquella tranc per alongar
  3. jeu non sabe cal aja mes de sens yeu ho vos 
  4. enpero dis Nalec yeu t’en creyray 
  5. non say si ja m’enguanaray 
  6. Nalec tantost l’a un cap pres 
  7. l’autre pres l’enfant mantenent
  8. e anneron la tranc tirar 
  9. dos pals et plus van l’alonga
  10. que pueys en covenc atozar 
  11. e Nalec l’enfant regardet
  12. tantost et el s’ajuneilhet
  13. senher aras crese yeu
  14. que tu yest homs veray Dieu
  15. e cascun creyre ha Dieu
  16. per so que fayre ho deven ti vesen
  17. en aquella part que tu sies 
  18. ti demostras coma Dieus 
  19. e Nalec tantost mantenent

26r

  1. d’aqui parti et annet s’en
  2. serquar gens que li venguessan ajudar
  3. la tranc sus la mayson pujar 
  4. e cant Nalec s’en fon anat
  5. l’enfant sensa autres conpans
  6. la tranc et el en va pujar
  7. sus la mayson ben a lugar 
  8. e l’enfant tantost anet s’en
  9. e Nalec tantost venc
  10. an guaren de gens d que lo siguian
  11. cascun ajudar ly volian 
  12. Nalec intret dins la mayson
  13. e vic que la tranc non hi fon
  14. e va si fort merivilhar 
  15. sus la mayson van regardar
  16. e vinc la tranc mot ben pausada
  17. e a son ponch ben adada alugada 
  18. Nalec tantost s’anet pensar
  19. aquo a fag Jhesus l’enfant 

26v

  1. d’autres miracles demostret
  2. aytant con los juzieus fasia resucitar
  3. e los rancs corre et sautar
  4. e los sors fasia ausir
  5. e los mus parlar et garar
  6. que non volia creyre fermement
  7. l’enfant fos homs et Dieu ensens 
  8. un autre eysenple vuelh contar
  9. l’enfant Jhesus que annet far 
  10. un bel matin el si levet
  11. per una cariera passet
  12. hon havia guaren de fabres
  13. que si fasiam apellar
  14. maistres sobre maistres 
  15. va l’enfant per una cariera
  16. hon guaren d’obries hobravon 
  17. 17.l’enfant Jhesus a lur parlat
  18. 18. apres los ha saludas 
  19. 19. l’enfant Jhesus ha lur demandat

27r

  1. maystre vorias my dar a far 
  2. lo maistre ha respondut
  3. frayre dis el si Dieu m’ajut
  4. voluntiers ti donaray a far
  5. mas tu non m’as sauput nonpnar
  6. car yeu mi fauc apellar maistre
  7. sobre tos los autres maistres 
  8. l’enfant Jhesus d’aqui partir
  9. a un autre maistre va venir
  10. enaisyns va lo saludar
  11. et pueys et el ly demandet
  12. maystre vorias my dar a far 
  13. lo maistre respont non m’as sauput nopnar 
  14. l’enfant Jhesus l’a comandat a Dieu 
  15. lo maistre dis vay da part Dieu 
  16. l’enfant Jhesus va s’en annar
  17. a l’autre hobrador va venir 
  18. l’enfant Jhesus va lo saludar
  19. ensins con el lo sabia ben far

27v

  1. Dieu vos sau !
  2. maistre si vos plas donarias my a far 
  3. e ajudaray vos a fabregar 
  4. lo maistre ha respondut
  5. frayre dis el si Dieu m’ajut
  6. voluntiers ti donaray a far
  7. si tu sabias bien fabregar 
  8. adonc l’enfant ha respondut
  9. seher dis el si Dieu m’ajut
  10. jeu vos sabray ben ajudar
  11. car yeu sabe ben fabregar 
  12. lo maistre det li a far
  13. l’enfant Jhesus va fabregar 
  14. adonc l’enfant aqui stet
  15. tro que fon gran vespre lur ajudet 
  16. l’enfant Jhesus aqui stet
  17. tro que al matin que si levet 
  18. cant venc lo maistre hobrar

28r

  1. l’enfant va si rigirar
  2. pueys apres el regardet 
  3. per la cariera un home passet
  4. que era caluc fragel frevol formens 
  5. l’enfant Jhesus l’ome a pres
  6. dedins la forja lo mis en lo fuc 
  7. acomencet a cremar lo fuc
  8. Jhesus acomencet a contar 
  9. l’home va si tot conborir
  10. la cart des oses despartir 
  11. adonc lo maistre va dire
  12. per sert yeu cre que tu yest fol et enrabiat
  13. e de ta memoria gitat 
  14. aquel home que tu as gitat
  15. dins la forja cre yeu que tu l’as mort
  16. et delit 
  17. jus en la forja es comborit 
  18. per sert tu l’as mes en malan 
  19. jeu crese que tu sias diabol gran 

28v

  1. l’enfant Jhesus adonc va dire
  2. maistre voles ausir non cries
  3. mas laysas my fayre et veyren
  4. si remendar lo poyren 
  5. lo maistre ha respondut
  6. digas sehors sy Dieu vos ajut
  7. vegas dis el con si pot far
  8. que aquel mort puesca resucitar
  9. vegas con ha ben parlat 
  10. per sert el es enrabiat 
  11. Jhesus cart et osses ha pres
  12. e tot ensemps prenre ho fes 
  13. l’enfant Jhesus lo fabriquet
  14. e de mort a vida tornet
  15. lo prohoms vielh et canut 
  16. l’enfant Jhesus ly det salut 
  17. l’enfant ha dat salut 
  18. la cara que havia rusada
  19. fon bella et ben faysonada 

29r

  1. [lo proho]ms que havia ben C ans
  2. [tor]net d’etat de XVIII ans 
  3. lo maistre lo regardet
  4. e pueys et el sy merivilhet
  5. senher Jhesus et perdonas my
  6. car yeu hay faglit encontra ty
  7. que tu sies homs Dieus e homs 
  8. lo maistre havia sa mayre
  9. e penset en etal fayre
  10. car ella era vielh et musada 
  11. et vielha fort et venguda
  12. e en la forga la mitet 
  13. e pueys las boujas el menet 
  14. lo maistre penset fabregar
  15. e non hi poc ren acabar
  16. 16. que maistre que fabrigava
  17. 17. osses et cart plus s’en tornegava 
  18. 18. vi que ren non poc acabar
  19. 19. e el comenset a cridar 

29v

 aysy s’en siec so que es estracat

 lo prohoms que havia ben C ans

 tornet de etat de XVIII ans 

30r

  1. marit quant yeu que faray
  2. ny qual conseil prenre podray
  3. per ma ley yeu m’ausiray
  4. e dins lo fuc my geteray
  5. car ma mayre hay cremada 
  6. que sa man my fossa yeu talhada 
  7. l’enfant Jhesus lo regardet
  8. e pueis apres ly demandet
  9. tu que ty fas appellar maystre
  10. sobre tos los autres maystres
  11. fay ta mayre remendar
  12. en sa joventut et en son [ ] 
  13. l’enfant Jhesus la frema ha pres 
  14. osses et cart penre ho fes 
  15. 15. la frema resucitet
  16. 16. e la tornet jove de XX ans 
  17. 17. la jove puselle s’ajunelhet
  18. 18. e pueys apres merse clamet
  19. 19. sehor tu yes veray Dieu

30v

  1. enaysins lo crese yeu
  2. car tu m’as resucitada
  3. e de mort ha vida tornada 
  4. adanc l’enfant va si partir
  5. e lo maistre romac aqui 
  6. pueys s’estalvet un dia
  7. e Josep et la Verges Maria
  8. meneron l’enfant a un tenchurier
  9. que l’ensenessa d’aquel mestier 
  10. lo tenchurier l’enfant amenet
  11. e asin l’endoctrinet 
  12. un jort lo maistre comandet
  13. que l’enfant deguessa reguardar
  14. lanas roas tenchas
  15. car el sos draps tenher volia 
  16. l’enfant respont mantenent
  17. e es fach eycernydamens
  18. e gruoc et vermelh seher a tot vostre plasir 
  19. pueys lo maystre ly va dir

31r

  1. que deguessa los draps despartir
  2. e tenchese lo chalons en blanc
  3. et en gruoc et en vermelh 
  4. ar ausires que annet fayre
  5. en una draca tot ho ha mes 
  6. e lo maystre venc de villa
  7. e demandet a ssa moher
  8. hon es aquel enfant Jhesus
  9. vejan que ha fag d’aquestls draps 
  10. ella respont a blanc tot ho ha mes 
  11. cant ho hac facg fugit s’en es 
  12. e lo maistre fon corossat 
  13. en sa man drecha ha portet
  14. un tion de fuc
  15. 15. ten tot cremant
  16. an que volia ferir l’enfant 
  17. tantost l’enfant ha trobat
  18. e lo tion ha lanssat 
  19. tantost l’enfant venc a l’ostal 

31v

  1. e annet en gruoc vermelh tornar 
  2. enaysins el ho tornet
  3. con lo maistre on commandet 
  4. e lo maistre va si tantost ha ajunelhar
  5. senher vuelhas my perdonar
  6. car yeu crese certanament
  7. que tu yes Dieu et homs 
  8. l’enfant fon hons et Dieu ensens 
  9. pueys son nos romans conplis
  10. que s’els et s’elles que l’ay ausit
  11. lur don d’un tal priament
  12. que las armas vengon a salvament 
  13. A : iii : C : ii : 
  14. Finito libro si laus et gloria Χρο 

Bibliographie 

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AAA 2004 = Corona Alpium II, Archivio per l’Alto Adige, Istituto di Studi per l’Alto Adige, Firenze, vol. XCVII – XCVIII 2004, p 44-115.

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BOILEAU 1879 = Étienne BOILEAU, Les métiers et corporations de la ville de Paris : XIIIe siècle. Le livre des

métiers d’Étienne Boileau, publié par René de Lespinasse et François Bonnardot, Paris, Imprimérie nationale 1879.

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DOM2 Diccionari català-valencià-balear : inventari lexicogràfic i etimològic de la llengua catalana en totes les seves formes literàries i dialectals, obra iniciada per Antoni Maria Alcover, redactat per Francesc de B. Moll, amb la col·laboració de Manuel Sanchis Guarner i d’Anna Moll Marquès, 10 vols., Palma, Moll, 1993.

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GODEFROY 1938 = Frédéric GODEFROY Dictionnaire de l’ancienne langue française et de tous ses dialectes du IXème au XVème siècle, Paris, Librairie des sciences et des arts,, 1938. 

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ZINGARELLI 1901: Nicola ZINGARELLI, Le roman de saint Trophime, en Annales du Midi, Revue archéologique, historique et philologique de la France méridionale, fondée sous les auspices de l’Université Toulouse par Antoine Thomas, publiée avec le cooncours d’un comité de rédaction par A. Jeanroy et P. Dognon, professeurs à l’Université de Toulouse,, Treizième année 1901, Toulouse, imprimérie et librairie Édouard Privat, Rue des Tourneurs, 45, Paris, Alphonse Picard et fils, Rue Bonaparte 82, p. 297-345.

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Etwaige Zitat: 

Alessandro BONACCHI, Les miracles de l’Enfant Jésus ©

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